L’histoire de Pontorson et de ses quartiers

Pontorson

La plus ancienne mention authentique que nous connaissions de Pontorson est dans un acte de 1031, dans lequel Havoise, Haduissa, mère d’Alain, duc de Bretagne, donne : « Quoddam molendinum fitum apud Pontem Ursi ».

Toutefois, selon Monsieur TANGUY, en 1004, Richard II  donna la ville de Pontorson et la moitié de Dreux à Mathilde, sa sœur.

Henri Ier , fils du Conquérant, fit rebâtir, en 1135, « ex integro in margine provinciae », le château de Pontorson, d’après Robert du Mont .

En 1137, Geoffroy d’Anjou , se préparant à assiéger cette place, vit venir à lui les habitants qui lui en apportaient les clefs : il y reçut les seigneurs bretons qui reconnurent son autorité, et lui proposèrent de se charger de la garde de la ville.

Henri II  fit réédifier le château, selon le même témoignage : « Rex perrexit ad Pontem Ursonis et divisit ministris suis et ordinavit quomodo castrum illud reedificaretur ».

En 1171, il fut détruit par le feu : « An. 1171 castrum Pontis Ursonis combustum est » dit le même chroniqueur. C’est sans doute à la suite de cet incendie que l’église fut rebâtie. En cette année, Henri II  resta quinze jours à Pontorson pour préparer sont expédition contre les Bretons.

Le même prince donna, comme nous l’avons dit, une charte relative aux églises de Pontorson, dans laquelle on remarque ce passage : « Quare mando vobis quod si epus Abr. eis aquam benedictam ad opus illarum ecclesiarum dare noluerit, vos ipsos eis dare ne eeclesie castelli mei quod nuper firmavi sine officio divino permaneant ».

En 1162, Aquilin du Four, le gouverneur, fut chassé par les habitants qui se plaignaient de ses pillages. Le roi Henri II  remit ce titre à Robert du Mont , abbé du Mont-Saint-Michel. C’est à Pontorson que ce prince arrangea sa trêve avec Guiomark.

Dans les XIIe siècle, Pontorson formait une Prévôté, « Praeositura », qui relevait du roi. Les Comptes de l’Échiquier  pour 1198, nous font connaître les dépense faites, au nom de Henri II  dans cette Prévôté, qu’un compte anglais, W. de Salisbury, avait possédée à titre de ferme royale. En cette année l’exécution de la justice y avait coûté 2 liv. 9 s., et certaines sommes avaient été accordées pour des réparations : « In reparandis pontibus et calceia et domibus castri de Ponte Orsonis ». Isabelle ou Elle, fille de W. de Salisbury, fut mariée par le roi à son frère naturel, dit W. Longue-Épée, qui posséda dès-lors les biens de sa femme en Normandie. Les termes du rôle de 1198 prouvent qu’il avait tenu Pontorson du droit de la couronne. Sous le règne suivant, des terres lui furent assignées en Angleterre pour la place de Pontorson jusqu’à la valeur de 1 300 liv., et le roi rentra en possession de cette place. Les Salisbury revinrent quelques siècles après reconquérir leurs domaines primitifs, et Shakespeare put dire à Henri V : « Et vous, Salisbury, vous aurez reçu de profondes blessures dans les champs de la France et teint de votre sang les plaines de la Normandie ».

Le château de Pontorson figure dans un Rôle de l’Échiquier pour 1195 : « G. Duredent reddit compotum in liberatione 10 servientium peditum morantium ibidem de eodem termino 32 liv. 5s. ».

Dans le XIIIe siècle, dans la conquête de Philippe-Auguste  et les guerres de la minorité de Saint-Louis, Pontorson dut être le théâtre de plusieurs affaires. Toutefois, nous n’avons pas de documents précis sur cette période.

Nous trouvons pour ce siècle, dans le Cartulaire du Mont , une charte d’exemption pour les bourgeois de Pontorson : « Ricardus abbas Montis S. Michaelis… noverit universitas vestra quod omnes burgenses de Ponte Ursonis et eorum heredes intra clausinam murorum residentes sunt liberi, quieti et immunes per totam terram nostram et semper fuerunt ab omnni costumia passagio pasnagio in dioeesi Abrinc ».

En ce siècle, pour la quatrième année du règne du roi Jean, nous trouvons des lettres de ce prince relatives à Pontorson : « Rex, etc., precipimus tibi quod Stephanus Lastur quarto balistariorum peditum qui sunt apud Pontem Ursonis sicut aliis de Marchia liberaciones suas habere faciat » … « Rex, etc., Senescallo Normannie, etc., mandamus vobis quod de 200 liv. andegav. quas misistis Hugonis de Culunce apud Pontem Ursonis ad firmandam villam et ad milites ibidem tenendos faciatis habere dilecto fratri nostro comiti Sarisberiensi 84 liv. andeg ».

Lors de l’attaque de Gui de Thouars  sur le Mont-Saint-Michel où, selon Dom Lobineau , « il brûla les tours de bois et de pierre jointes par de bonnes courtines de la même matière », les Bretons, après être allés jusqu’à Caen, furent renvoyés jusqu’à Pontorson par Philippe-Auguste , effrayé du zèle de ses alliés. En 1232, Ranulf , comte de Chester, prit cette ville, la rasa et la brûla. En 1233, le roi l’acquit en donnant des terres à Henri d’Avanjour.

Mais le XIVe siècle, celui de Duguesclin  et de Clisson , et surtout le XVe furent féconds en événements qui illustrèrent cette place.

On sait que, pour récompense de ses services, Duguesclin fut nommé capitaine de Pontorson :

Li ducs fist moult grant joie à Bertran, ce dit-on, Cappitaine le fist adonc de Pontourson.

Aussi la mention de cette place se trouve-t-elle dans toute l’histoire du connétable : c’est sur le pont de Pontorson qu’il jura confraternité d’armes à Olivier de Clisson  « envers et contre tous qui pouvaient vivre ou mourir » ; c’est là qu’il vint trouver le duc d’Anjou avec son frère d’armes :

Lors Glequin et Cliczon alèrent

Au duc d’Anjou que ils trovèrent

A Pontorson en Normandie

Ou il estoit en compaingnie

Moult très grande de chevaliers

Avec eulx pluaseurs escuiers

Et grand seignour de tout estaits.

C’est à Pontorson que Dom Lobineau  a rattaché ce fait d’armes de Duguesclin :

« Jean Felleton, La Grié et G. Issonai conduisant trois cents Anglois au siège de Bécherel et passant devant Pontorson appelèrent Bertrand qui différant pour lors de se battre, manda les garnisons de Dol, de Landel, de Beuvron et du Mont Saint-Michel, monta à cheval avec Leraut, son escuier, Thomas Boutier, gentilhomme de sa compagnie, et autres jusqu’au nombre de cent lances… et ayant atteint les Anglois dans les landes de Combourg, il les défit après un combat assez rude. Felleton y fut pris par Rolland Bodin et mené prisonnier avec les deux autres capitaines. Felleton pensa depuis prendre cette place par la trahison d’une servante, mais il manqua son coup ». Cette affaire, que Dom Lobineau  appelle bataille de Pontorson, eut lieu en 1364.

C’est encore à Pontorson qu’eut lieu le fait si souvent cité de la digne sœur du brave Breton, Julienne Duguesclin , abbesse de Saint-Georges de Rennes, et récemment chanté par une femme :

« Julienne demeurait dans le château de Pontorson ; son frère était absent. Deux de ses femmes nouèrent des intelligences avec un capitaine anglais nommé Felleton, et promirent de l’introduire dans le donjon. A la faveur de la nuit, les Anglais s’approchèrent, appliquèrent des échelles, et déjà ils montaient à l’escalade quand Julienne Duguesclin, éveillée par le bruit, courut aux créneaux, et voyant des ennemis donna l’alarme. Les soldats accourent, renversent les échelles, et tuent ou noient un grand nombre des assaillans. Le lendemain les perfides chambrières, cousues dans des sacs, furent jetées dans le Couesnon. Duguesclin rencontra Felleton, dans sa retraite, et le fit prisonnier pour la seconde fois ».

C’est à Pontorson qu’en 1379 se rassembla l’armée avec laquelle Duguesclin commença les hostilités contre la Bretagne.

Le château de Pontorson fut donné en 1370 à ce même Olivier de Clisson  à titre d’engagement pour ce que le roi lui devait : « Donatio Castri et Castellaniae Pontis Ursonis facta domino de Clisson constabulario donec pagatus fuerit ».

C’est à propos de ce XIVe siècle que nous citerons les titres relatifs à Pontorson et à la baronnie de ce nom, insérés dans l’Inventaire dressé à cette époque au Mont Saint-Michel :

« Conf. Dni pape Adriani 4. super ecclesiis de Ponte Ursonis – Conf. Roth. archiepiscopi. – Cyrographum de Caugie. – Littera quod qui tenebit terrant molend. de Ponte Ursonis solvet omnes redditus qui antea super ea solvebantur. – Lit. homagii abbatis de Hambeia cum L. donationis de Cantulupi ap. Pontem Ursonis quod possidet in Ponte Ursonis ad nos pertineat. – Lit. pensionis eccl. de Douceyo. – Lit. P. de S. Hyllario de decima de Bouceyo. – Cyrog. Hug. de Caugie. – Donatio P. de S. Hyllario de ecc. de Bouce. – Lit. regis Anglie de ecc. de Ponte Ursonis. – Lit. W. de Brae de molend. de Ponte Ursonis. – Lit. Rad. de Argogiis presb. de manerio de Cruce. – Lit. quod rector ecc. de Bouce excommunicatus fuit don. satisfact. de persona. – Lit. inhibitionis facte pro turbantibus Priorem dicti loci in decimis et suis possessoribus. – Lit. Rad. Guiton militis de Cure. – Lit. W. Le Charpentie de Sace. – Lit. decime de Noiant 1287 in latino et gallico. – C. Hamonis de Bree de toto tenemento quod continet sex ortos sitos in la Gravete et aliis tenementis. Pons Ursonis. 1235. – Totum tenementum quod W. Pei de Vache tenuit. – C. Galterii Meinfrei de duobus ortis in calceia de Ponte Ursonis 1233… apud chauceiam de Ponte Ursonis ».

En 1379, Beaumanoir se prépara à faire des courses en Normandie : son armée alla jusqu’à Pontorson où le roi de France avait rassemblé des troupes pour les faire entrer en Bretagne ; mais le duc d’Anjou proposa une trêve qui fut acceptée.

En 1393, Charles VI  sanctionna les privilèges que Henri II  et Charles V  avaient octroyés à Pontorson. Entre les divers articles de son ordonnance on remarque « que les bourgeois n’étaient point obligés d’aller à l’armée, si le roi n’y était en personne, ni d’aller plaider hors de leur domicile, à moins que pour les affaires du prince ; qu’ils étaient exempts de péages et de droits sur les choses nécessaires à l’habit et à la vie ; qu’ils ne payaient par an que douze deniers de cens du terrain qui leur appartenait ; qu’on ne pouvait retenir aucun d’eux en prison, lorsqu’il offrait caution ; qu’en cas de dispute, s’il y avait du sang répandu, on devait 12 deniers pour la plainte et 109 s. d’amende pour celui qui aurait été vaincu dans le duel permis par le juge ; que si la dispute se renouvelait, on paierait 60 liv. ».

En 1400, Charles VI envoya le duc d’Orléans à Pontorson pour y conférer avec les seigneurs de Bretagne. Il les reçut dans cette ville et négocia avec eux, mais inutilement, pour obtenir la personne de Jean de Montfort .

Le XVe siècle, l’époque de l’occupation anglaise, est le plus riche en événements pour la ville de Pontorson, sous les murs de laquelle se heurtent les Français, les Bretons, les Anglais, et où le Mont Saint-Michel amasse les gens de guerre et multiplie les rencontres. Dans le siècle précédent, Duguesclin et Clisson s’étaient rencontrés sur le pont de cette place ; le duc de Richemont  et son frère le duc de Bretagne s’y rencontrèrent aussi au commencement du siècle suivant. Richemont, celui qui fut connétable de France et qui expulsa les Anglais de Normandie, avait été fait prisonnier à Azincourt, et était resté en captivité jusqu’en 1420. Sur sa parole il vint à Pontorson qui avait été pris par les Anglais en 1419, voir les seigneurs bretons et resta loyal chevalier : « Alors sur sa foi et en la garde du comte de Suffolc, il vint à Pontorson et arrivèrent beaucoup de gens de Bretaigne pour le veoir et entre les autres y furent monseigneur de Montauban et monseigneur de Combour et plusieurs autres, tant qu’ils estoient plus forts que les Anglois. Et luy fut demandé s’il vouloit qu’on l’emmenast par force, mais il ne voulut, et ne l’eust pour rien faict. Le comte de Suffolc l’avoit mené jouer aux champs et tirer de l’arc. Bientôt après le duc Jehan qui estoit fort désirant de veoir ledict comte de Richemont son frère, le vint veoir jusque sur le pont de Pontorson pour ce que mon dict seigneur de Richemont n’osoit passer en Bretaigne. Et estoit le duc bien accompaigné, et avoit deux cents lances de sa garde, et Dieu sçait s’ils s’entrefirent bonne chère et s’ils pleurèrent tous deux bien fort. Puis s’en retourna le dict seigneur de Richemont devers le roy d’Angleterre, lequel luy fist grand chère, pour ce que bien avoit tenu ce qu’il avoit promis. ».

Pontorson avait été pris par les Anglais dès 1417, et ils y avaient établi pour gouverneur Jean de Gray auquel succéda Jean de Mautravers. En 1419, le roi Henri V  nomma G. de La Pôle capitaine de cette place et lui donna : « Officium castri et ville de Pontorson ac turrium super pontem ».

En 1424, Jean de La Haye , baron de Coutances, défit les Anglais dans les grèves du Mont-Saint-Michel , dans une rencontre que nous avons racontée ailleurs.

Pontorson fut repris sur les Anglais en 1426. Le duc de Bretagne alla avec son frère, le connétable de Richemont , assiéger Saint-James, « après avoir, dit dom Lobineau, pris et razé Pontorson occupé par les Anglois ».

Alors se livrèrent, dans ses environs, deux combats importants, en 1426 et 1427. Le premier est raconté en détail par le secrétaire du connétable de Richemond, et le second par Monstrelet, qui était contemporain, et Hollingsbed, historien anglais, qui vivait deux siècles après l’événement :

« Pourceque les Anglois faisoient de grandes courses en Bretagne, monseigneur le connétable veint emparer Pontorson et fut environ la St-Michel. Et y vinrent des François et des Escossois avec luy et y estoient le connestable d’Escosse et messire Jean Ouschart, qui avoient bonne compagnie de gens d’Escosse et Gaultier de Brusac et plusieurs autres capitaines. Et de Bretagne monseigneur de Loheac, monseigneur de Chasteaubriant, de Beaumanoir, de Montauban, de Rostrenen, de La Belière, Rolant de Montauban, Jehan Tremederne, Jehan Le Veer, de Beaufort, Marzelière, Roland Madeuc et Roland de S. Paul. Et durant ce vinrent les Anglois un peu avant soleil couchant, qui estoient en nombre bien huict cents et saillit-on hors champs et se mist-on en bataille oultre le marais devers le Mont S. Michel et ne sçavoit-on quelle puissance les dicts Anglois avoient. Si feist le connestable d’Escosse descendre tous les gens d’armes et archers à pied, puis vinrent lesdicts Anglois jusques à un traict d’arc et y en eut deux ou trois qui se vinrent faire tuer en nostre bataille et y furent faicts deux ou trois chevaliers. Et quand les Anglois veirent la bataille, ils s’enfuirent en grand desarroy, et en fut prins et tué plusieurs, mais pourceque tout estoit à pied, ne peurent estre si fort chassez comme ils eussent esté qui eust esté à cheval. Après que la place fust un peu bien fortifiée, monseigneur le connestable et le connestable d’Escosse et la plupart des seigneurs et capitaines s’en allèrent, exceptez ceulx que monseigneur le connestable y laissa. C’est à scavoir monseigneur de Rostrenen, capitaine dudit lieu, monseigneur de Beaufort, Jean Ouschart et les gens de Brusac, Jehan de Tremederne, messire Jehan Le Veer, Marzelière et plusieurs autres. Et s’en alla mondit seigneur devers le roy. »

L’année suivante eut lieu, dans les mêmes parages, une affaire plus sérieuse. Voici le récit de Monstrelet :

« Pour obvier, le duc et le connestable, son frère, firent réparer la ville de Pont-Orson qui départ Normandie et Bretagne, et y fut mist grosse garnison pour faire frontière contre lesdits Anglois. Et certain jour ensuivant, le comte de Suffort fut déporté du gouvernement de la Basse-Normandie, et y fut commis et institué le comte de Warwick, lequel assembla moult grand quantité de gens et assiégea ladite ville de Pont-Orson. Et pour ce que durant le siège les Anglois assiégeants avoient vivres à grand danger, tant pour la garnison du Mont S. Michel comme pour autre, fut envoyé le seigneur de Scalles à tout cinq cents combattants, en la Basse-Normandie pour conduire et mener les vivres dessus dits. Et aussi qu’il s’en retournoit atout iceux, les Bretons qui savoient son retour s’étoient mis en embuche bien quinze cents combattants auprès du Mont S. Michel.
Et lors, quand ils virent leur point, ils saillirent sur les Anglois lesquels ils trouvèrent en bonne ordonnance. Si se défendirent très-vaillamment et tant que finalement les Bretons furent mis et tournés à déconfiture il y en eut de morts et occis bien huit cents. Entre lesquels y fut mort et occis le seigneur de Château-Giron, le seigneur de Cresquan, le seigneur de Chambourg, le baron de Chambouches, le seigneur de Hunaudaie, messire Pierre le Porc, le capitaine des Escossois et plusieurs autres nobles hommes, et si fut pris le vicomte de Rohen et plusieurs autres grands seigneurs. Après laquelle besongne les assiégés de Pont-Orson, non ayant espérance de secours ny d’aide, se reddirent, sauve leur vie, au comte de Warwick, et s’en allèrent le bâton blanc au poing, en délaissant tous leurs biens : et y fut commis capitaine ledit seigneur de Scalles. Après cette besongne, lesdicts Anglois firent emmener le baron de Soulenges, messire Pierre Le Port et un autre tous morts, à leur siège ; et y livrèrent les corps à ceux de dedans pour mettre en terre, afin qu’ils fussent plus certains de ladite détrousse et déconfiture et qu’ils se rendissent plus hativement comme ils firent. »

Hollinshed a raconté cette affaire avec de plus grandes proportions, et peut-être avec une certaine partialité nationale qui se révèle dans la forme de la narration, mais aussi avec des détails qui annoncent des sources authentiques :

« Le duc de Bedford apprenant que la ville de Pontorson avait été récemment fortifiée, y envoya le comte de Warwick assisté de lord Scales et d’autres vaillans capitaines montant à sept mille assiéger cette ville… Le siège ayant continué longtemps, les provisions devinrent rares dans l’armée anglaise. En conséquence lord Scales accompagné du sir Jean de Harpelaie… du sir Raoul de Tesson, du sir Jean de Carbonel et de trois mille hommes de guerre bien solides quittèrent le siège pour se procurer des vivres, de la poudre, etc. Et comme ils s’en revenaient avec leurs chariots, le long de la mer, près du Mont St-Michel, ils furent subitement rencontrés par leurs ennemis… six mille hommes de guerre. Lord Scales et sa compagnie s’apercevant qu’ils étaient menacés d’un côté par la mer et de l’autre par les ennemis mirent pied à terre, et comme des lions affamés, avec une inexprimable furie, se précipitèrent sur les ennemis. Le combat fut rude et cruel. Les Anglais se tenaient serrés les uns aux autres, en sorte que leurs ennemis ne pouvaient les entamer. A la fin lord Scales s’écria : St Georges, ils battent en retraite ! Sur ces paroles les Anglois s’élancèrent sur leurs chevaux et se mirent à leur poursuite leur tuant ou faisant prisonniers onze cents hommes… Après cette victoire lord Scales avec ses vivres et ses prisonniers retourna au siège de Pontorson où il fut joyeusement reçu par le comte de Warwick. Ceci (en marge) s’est passé le jeudi de la Cène. Pontorson se rendit peu de temps après. »

Après la bataille de Formigny , Pontorson retomba aux mains des Français.

En 1489, le roi de France fit passer en Bretagne, par Pontorson, 5 000 hommes de pied.

Lors des premiers symptômes des troubles religieux du siècle suivant, les catholiques prirent leurs précautions. Matignon écrivait au roi en 1562 : « Dans les troubles du pays, tels qu’ils sont aujourd’hui, il convient de laisser 30 hommes à Pontorson. » En 1570, il demandait encore le même nombre de soldats pour cette place. Mais les événement qui suivirent augmentèrent beaucoup son importance.

Dans la première guerre de religion, quand s’unirent en Basse-Normandie Montgomery, Colombières, Brecey et deux gentilshommes Manceaux, Davaines et Deschamps, des partisans leur arrivèrent de toutes les provinces. Un d’eux fut surpris en chemin par la Villarmois, qui lui fit couper les bras et les jambes. Comme on craignait l’entrée des Bretons en Normandie, Davaines et Deschamps s’acheminèrent vers la Bretagne pour couper les ponts du Couesnon et de la Sélune. Montgomery se rendait dans l’Avranchin et Colombières, s’emparait de Coutances.

Dans ces guerres de religion de la fin du XVIe siècle, Pontorson joua un rôle important. Cette ville, boulevard du Calvinisme  de Basse-Normandie, en face de la catholique Bretagne, eut pour gouverneurs les Montgomery, et après la paix fut une des places de sûreté laissées aux Protestants . Elle fut assiégée en 1580, et ce siège fut signalé par la mort de Louis De La Moricière de Vicques, le chef des catholiques de l’Avranchin , celui qui avait repris le Mont-Saint-Michel  sur les Calvinistes, l’Hector de l’Homère de Poilley. De Vicques avait déterminé le duc de Mercœur , chef de la ligue en Bretagne, à venir assiéger Pontorson qui était à Montgomery, le chef des Calvinistes du pays. La ville fut investie par les deux chefs catholiques du côté de la Normandie, le 20 septembre 1580. Montgomery avait sous ses ordres un capitaine nommé La Coudraye qui avait autrefois servi sous De Vicques. Celui-ci ayant un jour demandé aux assiégés si La Coudraye était avec eux, il parut bientôt et De Vicques voulant lui faire voir un renfort qu’il avait reçu de Saint-Malo, lui proposa de venir dîner le lendemain avec lui. La Coudraye répondit qu’il demanderait la permission au gouverneur. Le jour suivant, De Vicques étant retourné à la tranchée fit demander si La Coudraye était sur les murs : il répondit lui-même, et exigea que De Vicques parlât, afin qu’il pût sur sa parole aller dîner avec lui. Le chef catholique sortit alors de la tranchée, et le capitaine protestant sortit de son côté de ce qu’on appelait alors le Corridor de la Contrescarpe, et se précipita sur son adversaire, qui était devenu son hôte. Celui-ci, surpris, mit l’épée à la main, mais il ne fut suivi que de trois de ses gens, et tous les quatre restèrent sur le terrain, après s’être défendus avec un grand courage. L’épée et le chapeau de De Vicques furent portés en triomphe dans la ville par les assiégés. Dès le lendemain, tous les Normands se retirèrent, et le duc de Mercœur fut obligé de lever le siège quelque temps après.

Après la paix, Pontorson fut une des places de sûreté laissées aux Calvinistes , et, plus tard, une des quatre-vingt-dix-sept que Louis XIII  retira de leurs mains. Claude Malingre  a gravé les deux tours de son château parmi les images de ces places fortes, en regard de son texte. Aussi, selon Masseville , en 1621, le roi ayant appris que Gabriel Montgomery  avait fait fortifier Pontorson, dont il était gouverneur, lui fit proposer de se défaire du gouvernement de cette place en l’en dédommageant. Le comte y consentit, et on y établit Blainville. En 1627, après la prise de La Rochelle, Louis XIII  fit démolir les fortifications. En 1636, Pontorson fut le théâtre des excès des Nu-Pieds , qui y renversèrent la maison de S. Genys.

Un gentilhomme de Pontorson, un Godefroi de Ponthieu, fut gratifié par Louis XIV  des droits honorifiques de l’église paroissiale qui était du domaine royal, droits dont ses successeurs ont joui jusqu’à la Révolution. Il avait sauvé la vie du roi et des princes que leurs chevaux emportaient sur le pont de la Fère. Il s’était élancé et avait coupé les traits à coups d’épée. On a remarqué que, sans lui, la branche aînée des Bourbons aurait été détruite.

Sous ce prince fut établi le camp dit de Pontorson : il était fort de 8 000 hommes que commandait le frère du roi, Philippe de France , et il était destiné à la surveillance des côtes de Bretagne et de Normandie.

Cette ville, dit d’Expilly , « fut réduite en cendres le 15 mai 1736. Le feu y commença à midi et se communiqua à toute la ville en moins de deux heures, de sorte qu’on n’en put sauver que très-peu d’effets. Il n’y resta que quatre ou cinq maisons avec quelques chaumières ». En 1763, le même auteur disait de cette ville : « il y a bailliage, grenier à sel, sergenterie, bureau de cinq grosses fermes ».

En 1793, Pontorson vit passer et repasser l’émigration vendéenne. A son retour du siège infructueux de Granville, elle fut attaquée à l’entrée de cette ville par les républicains qui furent défaits. Nous avons raconté ailleurs cette bataille qui se termina dans les rues de Pontorson. Limite de la Normandie, Pontorson, dans la période révolutionnaire, fut un centre autour duquel se livrèrent beaucoup de combats de partisans et de chouannerie, et un lieu de sûreté où quelques familles des campagnes cherchèrent un asile.

En 1815, lorsqu’on eut à craindre que ces guerres ne recommençassent, c’est à Pontorson que fut arrêté par un homme courageux le général d’Autichamp  et plusieurs gardes-du-corps.

Dès-lors Pontorson n’a plus d’histoire. Chef-lieu de canton, avec le titre de ville, elle jouit de tous les éléments de l’administration contemporaine, ne se distinguant des autres localités de même ordre que par son célèbre hospice d’aliénés. Elle n’a guère conservé du passé que ses armes qui sont la peinture de son site avec de nobles attributs : « De gueules, au pont de trois arches d’argent, à la rivière de sable, sommé d’un écusson du même, semé de neuf fleurs de lis d’or et accosté de deux cygnes ».

A Pontorson, près de l’église, est né en 1764 un homme, qui appartient plus à la Bretagne par ses ouvrages et sa vie qu’à la Normandie, l’abbé Manet , qui fut chef d’institution à Saint-Malo. Ses principaux ouvrages sont : « l’Histoire de la Petite-Bretagne », et un livre érudit couronné par la Société de Géographie : « De l’Ancien État de la Baie du Mont Saint-Michel », dans lequel la topographie bretonne a la plus grande part. L’auteur est le principal partisan de la forêt de Scicy, thèse hasardée à laquelle il a consacré une érudition estimable, mais étrangère aux sources antiques et originales. Il légua 100 fr. de rente aux pauvres de sa ville natale.

Sources :

Ancienne paroisse de Cendres

Cendres (attestée dès 1060 avec le nom Sandedédiée à Saint-Étienne, faisait partie du doyenné de Dol relevant de l’évêché de Dol. C’est un ancien village qui relevait initialement du département de l’Ille-et-Vilaine et qui fut partiellement rattaché à Pontorson le 14 frimaire An XII (6 décembre 1803). L’autre partie fut rattachée à Pleine-Fougères (Ille-et-Vilaine).

Ce village comptait environ 100 habitants au début des années 1800 (99 habitants en 1973) et était situé entre Pontorson et Ville Chérel. Une rue à Pontorson, porte le nom de « Rue des Cendres », à proximité immédiate de l’Hôpital. Cependant, le vrai nom est « Rue de Cendres » ! À cause de cette nouvelle écriture, des Pontorsonnais pensent qu’il y a eu un grand incendie dans ce secteur autrefois… Or ce n’est pas le cas.

N’oublions pas aussi que cette « Rue de Cendres » était l’axe principal qui reliait jadis Pontorson à Pleine-Fougères. Cette ancienne « route » terminait au pied de notre ancien pont médiéval (malheureusement disparu) !

Aussi disait-on que les habitants de Cendres, les Cendrillons comme on les appelait, ou du moins la plupart, appartenaient au Bon Dieu de Bretagne et au Diable de Normandie. Car les habitants relevaient de l’évêché de Dol, mais payaient leurs impôts à Pontorson !

Les cartes de Cassini et de Mariette situent la paroisse sur la rive gauche du Couesnon, face au bourg de Pontorson.

L’écriture de cet ancien village a évolué au cours de l’histoire :

  • Sande 1060 ;
  • Sandreia 12e siècle ;
  • Cendres 1720 ;
  • Cendre 1753/1785 ;
  • Cendres 1793, 1801.

Ardevon

Le sol humide d’Ardevon s’élève peu au-dessus du niveau des grèves, si ce n’est vers le sud. La forme générale est un triangle allongé dont la base est la ligne de la Rive : au-delà du canal du Couesnon est le sol continental du Pont, limite extrême de l’Avranchin et de la Normandie.

Elle n’a de ligne bien naturelle qu’à l’est que côtoie le ruisseau Landais. Ardevon offre à l’archéologie une église, un prieuré, une bastille, une léproserie, une chapelle, et partout le souvenir du Mont-Saint-Michel dont il était une baronnie. Le Terrier de l’Abbaye cite quelques noms remarquables, le Pré-des-Anges, la Croûte, le Paradis, la Bastille. Il y a peu de villages : il y en a trois du nom de Beau-Soleil et il y a encore les Buternes à la Rive.

L’église d’Ardevon est une ecclesiola, c’est à dire qu’elle n’a ni tour, ni transept : elle n’a qu’un joli campanier à trois tinterelles ; mais elle est une des plus antiques du pays. Cette antiquité se révèle dans le côté septentrional où l’on remarque une porte cintrée dans une maçonnerie en opus spicatum, faite de briques et de schiste.

Un grand arc prismatique qui porte le clocheton sépare le chœur de la nef, et tous deux sont du XVe siècle. De cette époque est encore la fenêtre orientale. La cuve ronde du baptistère est fort ancienne. Le chœur renferme quatre tombes, trois avec une croix en entaille, l’autre armoriée. Dans le cimetière est une croix à croisillons bifides. Cette église appartenait au Mont en 1648, et en 1698 rendait 400 liv. : elle était sous l’invocation de la Vierge.

Le Prieuré a plus d’importance sous le rapport monumental, historique et même artistique. Il se compose de trois parties, la grange décimale, magnifique vaisseau, flanqué d’une vingtaine de contrefors, où l’on tassait quinze mille gerbes, l’aile dite la Ferme, partie manable, terminée par deux pavillons à toit aigu, avec un réfectoire et des cellules, orné de l’écusson abbatial, et l’aile dite des Grands-Logemens, dont le rez-de-chaussée n’offre que des étables, des écuries et des celliers, où l’on remarque une colonne de style roman, mais dont l’étage offre une construction originale, d’une physionomie orientale, qu’on appelle le Prêche.

Cette partie est très-voisine de l’église avec laquelle elle a peut-être communiqué. Il est probable que c’était la chapelle et que les fidèles y arrivaient par le pignon où l’on voit une porte murée et quelques traces d’un escalier. Ce qui caractérise cette partie, ce sont trois fenêtres ogivales divisées en deux trèfles par un pilier court, très-finement taillé, et surmontées d’un trèfle. Elle doivent dater du XIVe siècle. Un campanier était autrefois sur le pignon.

Un peu en-dehors de ce carré de bâtiments est le colombier qui fut construit en 1636 ; l’ensemble des édifices fut réparé en 1639. Le Manoir d’Ardevon remonte à une certaine antiquité. Il est cité « nostrum manerium de Ardevone », dans une lettre du prieur Thomas au pape, en 1207.

La Maladrerie d’Ardevon ou chapelle Saint-Gilles est située dans le village de Saint-Gilles. Elle appartient au XVe siècle : elle renferme encore quatre statues gothiques, dont une est celle du patron, invoqué contre le mal de la peur, et elle a conservé un joli vitrail qui représente une madone.

Elle est désignée sous le nom de Maladrerie du Mont-Saint-Michel, dans le Pouillé de 1648 ; dans la statistique de 1698, elle figure avec un revenu de 350 liv. Vers 1620, dom Huynes écrivait : « La chapelle Saint-Gilles ou Léproserie d’Ardevon est en la présentation du chapitre du Mont. Celui qui en jouit doibt être prestre et desservir aux quatre paroisses voisines, leur administrer les sacremens, leur dire messe au deffaut dautres prêtres ».

La chapelle de la Madelaine n’existe plus que dans les souvenirs, à moins qu’on n’en voie des reste dans quelques pierres, dans une croix bifide, et dans la statue de la Sainte, placée devant la porte d’une simple maison. Elle était au village de la Rive, et remontait à une époque reculée. Chaque année les religieux du Mont y venaient en procession, et ce fut pendant une des ces processions que les Protestants tentèrent de surprendre l’abbaye.

Ardevon eut aussi, vers 1420, une bastille, élevée par les Anglais, et si bien détruite aujourd’hui qu’un nom seul est tout ce qui en reste. Le 24 mai 1419, Henri V, Roi d’Angleterre, qui possédait presque toute la Normandie, où le Mont-Saint-Michel protestait contre sa conquête, voulant contenir le pays et bloquer la forteresse, donna à Jean Swinford « la terre et seigneurie d’Ardevon qui avait été au prieur et couvent du Mont-Saint-Michel, à charge d’y construire bastille et garnir de gens d’armes. ». Un historien, qui ne cite pas ses autorités, dit « que les assiégeants se retirèrent à Ardevon, à une lieue de la côte, et y bâtirent un fort dont G. Biotte, vicomte de Carentan, qui l’avait fait construire, en 1422, fut gouverneur. ».

Aussi une de ces assertions est-elle contredite par un chroniqueur authentique, qui met la bastille à la Rive : « Du costé de la grève, ils bastirent plusieurs forts et bastions : ils dressèrent entre autres une bastille à la Rive d’Ardevon et une en la paroisse d’Espas, tellement qu’on ne pouvoit plus entrer ni sortir de ce Mont. ». Il est évident d’après ce texte, d’après le nom qui reste, de d’après les nécessités du blocus que c’est la Rive qu’était située la bastille.

Telle est la statistique monumentale de cette importante localité. La baronnie d’Ardevon n’est pas moins importante au point de vue de l’histoire. Nous donnons maintenant dans leur série chronologique les documents historiques que l’on peut aisément localiser.

Ardevon, avec sont nom celtique, est un antique établissement. Il y avait un marché et une foire au moins au XIe siècle, car Robert Courte-Heuse donna en 1087 au Mont le marché d’Ardevon : « Mercatum in villa que vocatur Ardevon et in eadem villa feriam annalem in festicitate B. M. ». Dom Huynes cite ce don et ajoute « On présume que Rollon 1er, Duc, donna Ardevon au Mont » et D. Le Roy précise la date : « 912. Don d’une terre qu’on présume être Ardevon par Rollon. ».

En 1066, Liger « Prepositus de Ardevone », souscrivit à la charte de Poterel.

Un historien cite un seigneur d’Ardevon parmi ceux qui suivirent le parti de Geoffroi d’Anjou au XIIe siècle.

Dans le XIIIe et XIVe siècle le Mont fit beaucoup d’acquisitions dans Ardevon, comme le prouve cet extrait des titres les plus intéressants de l’Inventaire : « Conv. inter abbatem et Gauf. Pigace apud Ardevon 1217. – Littera de puteo de Ardevon in Acigneio 1220. – Lit. furni de Ard. – Leprosarie de Ard. 1201. – Quitancia in quodam fardello… 1311. – L. emptionis manerii de Acigne 1234. – L. quod abbas non potest cogi ut sint monachi residentes apud Ard. 1232. – L. Nic. de Maidrie de duobus maneriis in Ard. ».

Ce fief d’Assigny était le plus important après le Prieuré, et il est souvent cité dans le Terrier où il est appelé « Prévôté ruineuse. ». Le Gallia en parle aussi : Rob. de Thorigny en 1248 « significavit ab hominio se liberavisse pro terra Gauf. Pigasse Alanum d’Acgny militem ut regi hominium proestaret. ».

En 1261, le Mont acquit les prévôtés, corvés et services en Ardevon, Huynes, Curey, Beauvoir et Brée, et reçu, en 1379, le four à ban d’Ardevon. Beaucoup de travaux et d’acquisitions furent faits au Prieuré dans le XVIIe siècle : « Acquisition du bois taillis de Guitter pour 218 liv. – Réparation au manoir, 1628. – Construction du colombier, 1636. – Acquisition de la Bedonnière, 1639. – Réparation générale du manoir et maison habitable, et de la grande grange, 1639. – Déclaration d’hommage de N. Guischard pour les fiefs de Villers, Tournay, Pitelou, Prelong, la Croix et Saint-Benoît, dépendant de la baronnie d’Ardevon, 1646. – Pavement du chanceau de l’église parrochiale, 1647. – Réparation de la chapelle de la Magdelaine. ».

Ardevon, étant le point du littoral le plus rapproché du Mont, a dû être le théâtre d’engagement dans les sièges de cette forteresse. L’histoire a conservé le souvenir de trois affaires importantes qui eurent lieu en cet endroit, à trois époques caractéristiques, dans la guerre entre les fils du Conquérant, dans le grand siège du XVe siècle, et dans les guerres de religion.

Robert Wace a raconté longuement, et d’une manière dramatique, le siège du Mont, dans lequel Henri fut bloqué par ses frères Robert et Guillaume. Nous citerons ce que son récit a de local :

Le Munt assistrent environ

De Genez de si a Coisnon

E la riviere d’Ardenon.

A Avrenches li Reis séeit

E a Genez li Dus esteit.

Mult véissiez joster sovent

E tornéier espessement

Entre li Munt et Ardenon

E la riviere de Coisnon.

On connait les deux épisodes de ce siège : Guillaume renversé de cheval d’un coup de lance par un soldat effrayé d’avoir frappé le Roi, et auquel celui-ci dit : « Per vultum de Luca ! meus amodo eris et meo albo insertus ; » et Henri, manquant d’eau, en envoyant demander à Robert qui lui envoie un tonneau de vin, Guillaume irrité disant : « Benè scis actitare guerram qui hostibus praebes aquae copiam ! » et Robert faisant cette belle réponse en souriant : « Papae ! dimitterem fratrem nostrum mori siti ! Et quem alium habebimus, si eum amiserimus ? ».

De la bastille d’Ardevon, pendant le siège du XVe siècle, sortaient souvent les Anglais pour engager des escarmouches et des tournois sanglants sur la vaste lice des grèves. Un historien contemporain raconte très-agréablement une de ces rencontres compliquées d’un nouvel ennemie :

« En ce temps ceux de la garnison dudit Mont saillaient presque tous les jours pour escarmoucher avec les Anglois et y fesoit-on de belles armes. Messire Jehan de La Haye, baron de Coulonces, etoit alors en un château du bas Maine, nommé Mayenne la Juhais, et alloient souvent de ses gens audit Mont et pareillement de ceux du Mont a Mayenne. Ledit baron sceut la maniere et l’estat des Anglois et fist scaveoir a ceux du Mont quils saillissent un certain jour et livrassent grosse escarmouche au jour de vendredy et quil y seroit sans faute, et ainsi fut faict : car ledit de Coulonces partit de sa place avant le jour, accompagné de ceux de sa garnison qui chevaucherent neuf a dix lieues, puis eux et leurs chevaux repurent assez legerement, et apres ils remonterent a cheval en venant tout droit vers la place des Anglois, et cependant ceux du Mont qui avoient bien esperance que ledict baron viendront, saillirent pour escamoucher et aussy firent les Anglois et toujours François sailloient de leur place et aussy fesoient Anglois de leur part, tellement que deux à trois cents repousserent les François jusque pres du Mont. Et lors environ deux heures apres midy arriverent ledict baron de Coulonces et sa compagnee et se mit entre Ardevon et les Anglois tellement quils neussent pu entrer en leu place sans passer parme les François que avoit ledict de Coulonces. Finalement ceux du Mont et les aultres François chargerent a coup sur lesdits Anglois lesquels se defendirent vaillamment, mais ils ne purent resister et furent defaits et y eut de deux cents a douze vingts de morts et de pris et entre les autres y fut pris Messire Nicoals Burdet, Anglois ; puis ledit baron de Coulonces et sa compagnee s’en retournement joyeux en sa de Mayenne de Juhais. ».

La scène suivante peindra la violence des partis long-temps après les grandes luttes religieuses :

« Lan 1644, M. de Lorges Montgomery huguenot se mist en la fantaisie de chasser avec une grande meute de chiens, bande de gens a cheval et a pied par toutes les terres et paroisses de la baronie d’Ardevon et vint mesme plusieurs fois jusque dans le domaine de manoir, faisant gloire de gaster les bleds des campagnes et de faire plus de tort quil pouvoit aux moynes… Le prieur envoya vers luy son souprieur pour lui remonstrer amiablement le tort quil faisoit et le supplier de sa desister. Il neut autre reponse de luy sinon quil ny avoit homme au monde qui le put empescher de se divertir a la chasse par tout ou il lui plairoit et le fist sortir de chez luy avec plusieurs parolles rudes contre les moynes… Le jour de l’Assomption estant a la chasse au tour de la paroisse de Huines gastant tous les bleds durent les solennites de la grande messe, le cure de laditte paroisse revestu des habits sacerdotaux sortit de son autel et alla avec ses paroissiens se jetter aux pieds de ce Totila et le prier de considerer le tort quil faisoit au pauvre peuple avec un si grand train de chiens et de chevaux au milieu des bleds. Ce huguenot sans faire estat de cette humble remonstrance poursuivit sa chasse comme devant de sorte que peu apres les serviteurs du manoir d’Ardevon et quelques habitants lui allerent une autre fois au-devant avec un autre appareil bien armez de fusils et despees lesquels apres quelques discours quils tindrent audit sieur layant arreste ils luy tuerent un de ses chiens couchant quil avoit achepte 15lv. ce qui le mit tellement en furie quil protesta de se venger contre les moynes. Sitost donc quil fut a Pontorson et scachant que le pere prieur D. Dominique et D. Romain, tresorier estoient a Ardevon, croyant quils y coucheroient, depescha audit lieu une bande de bandouliers tous masquez et desguisez avec ordre de tuer ledit prieur, mais ne les ayant pas trouvez ils deschargerent leur colere sur les domestiques et quelques honnettes personnes qui y estoient couche. Ledit prieur scachant que lesdits serviteurs et hostes avoient ainsy este fort maltraittes de coups despees et de bastons et que mesme quelques uns eussent ete tues sur place sils ne se fussent sauvez par les fenestres et a la faveur de la nuict, de ladvis de ses serviteurs advertit par lettres le sieur de Souvré, abbe de ce lieu, desdites violences du sieur Lorges. Ledit abbe prenant cela pour un affront a sa personne prist laffaire a coeur et la porta pour partie intervenant que fut si vivement pousse par les religieux quil y eut decret de prise de corps contre le sieur de Lorges et contre les assassins un desquels fut rechepte de la potence six mois apres par Monseigneur de Guyse… Tout cela estonna merveillement notre calviniste qui ne trouva pas de meilleur expedient que de se procurer un secours par quelque puissant ami. A cet effet il prist la poste et alla en Champaigne supplier M. le Duc de Guyse qui avoit este abbe de ce Mont de la favoriser en cette affaire… Ce qui fut fait pour le grand respect que lui portoit toute la communauté du monastere… Il apprit par lui ne faisoit pas bon saddresser et choquer les moynes. Cette affaire lui cousta plus de 15000liv. Depui il na fait aucune action qui pust offenser les religieux, au contraire, il est parfois venu assister ledit P. prieur et souvent a envoye ses enfans pour lui faire la mesme civilite. »

À Ardevon se rattache un nom de la Conquête. Un Robertus de Alvers était à la Conquête, et il ne reçut du Conquérant qu’une maison à Northampton. Ce Robert d’Auvers était d’origine Française. Deux familles Françaises semblent avoir le droit de faire remonter leur origine jusqu’à lui. En Normandie, d’après le Livre Censier du Mont-Saint-Michel, un Robert d’Auvers est cité comme tenant des terres que l’abbé de ce monastère avait achetées de Garin d’Auvers, dans le champs d’Auvers en Ardevon. Dans Les Pas, un Jean d’Auvers devait à cette abbaye certaines redevances pour un hébergement ainsi que pour le fief d’André d’Auvers.

Tel est l’état monumental et historique de cette importante localité toute plein des souvenirs du Mont-Saint-Michel. L’étymologie d’Ardevon, Ardenon, tirée du mot celtique Arden, forêt, consacre son origine gauloise et le souvenir des bois littoraux aujourd’hui disparus.

La voie qui la traverse, appelée dans une charte pour cette paroisse « Queminum Montensem », et qui est la ligne du Mont à Saint-James, consacre sans doute le souvenir des Romains. Elle rappelle encore les pèlerinages qui affluaient dans cette direction de toutes les parties de la France et de l’étranger. C’est de ce point extrême de la terre qu’on saluait la gigantesque montagne qui, par sa masse et par le mirage des grèves, fait croire à une trompeuse proximité.

Sur ce rivage, en face de la « bleue et sauvage baie de Normandie », un dernier pèlerin, celui de la science et de la poésie, se refaisant l’homme d’autrefois, chanta la sainteté et la beauté de l’abbaye guerrière dans de beaux vers imprégnés du sentiment de la nature et du Moyen-Âge :

On night within thy guarded walls,

O Mont Saint Michel ! now is more

To me than in Arabian halls

Whole heaps of legendary lore.

No mail-clad-knight from Palestine

No sandal’d monk from fabled land

With bosom more devout than mine

E’er cross’d thy bleu and channell’d sands ;

Chiefs, kings and cowl’d hierarchies

Of yore, semm’d marshalling my way,

As, barefoot too, in pilgrim guise,

I paused before the turrets grey.

There stood’st thou, nature’s hermit-king,

The worship of a world, that deem’d

Its glory at fleet to fling

What richest flashed or brightest gleam’d.

The towers thy guards ; thy throne of fame

Thy pyramid of rocks that soar

To heaven, and on thy brows the same

Rich gothic mitre as of yore.

Still let the village girls repair

To hang with flowers the archangel’s shrine,

And home in bright remembrance bear

Thy shells, unblamed by lyre of mine.

And I myself (let grey beards smile)

The like memorials bear away.

Farewell, farewell time-hallowed piled !

Adieu thou wild blue normand bay !

Sources : Avranchin monumental et historique, Volume 2 (par Édouard Le Héricher).

Boucey

Une forme presque circulaire, un plateau découvert, légèrement incliné vers le bassin du Couesnon : tels sont le dessin et le relief de Boucey. Pour l’aspect, c’est une plaine nue, la plus vaste de l’arrondissement, clair-semée de villages, uniforme et monotone, ou bien ce sont des marais nus comme ceux de l’ouest, ou plantés de peupliers comme ceux du nord. La limitation, indécise du nord-est, est déterminée au sud-est et au sud par le ruisseau de la Lande-Besnet, à l’ouest par le Couesnon, au nord par le canal du Marais.

Deux grandes routes sillonnent ce sol uni, celle de Pontorson et celle d’Antrain. Un vaste plateau, appelé le Tertre-Burel, d’où l’on découvre une dizaine de clochers, et par un temps clair, Avranches, Granville et Cancale, commande tout le pays. C’est dans cette belle position militaire qu’était sans doute le camp, dit de Pontorson, fort de 8 000 hommes, que Louis XIV établit pour surveiller les côtes de Bretagne et de Normandie, et dont il donna le commandement à son frère Philippe de France.

Les noms des villages sont assez peu nombreux pour êtres énumérés. Ce sont la Cantrie, Cantaria, dont la charte sera citée plus loin, la Saudraie, près du Jonchet, la Fougerai, avec leurs noms tirés de végétaux, Martigny, ou l’habitation de Martin, la Guimbarde, d’où partait le canal qui donnait l’eau potable à Pontorson, le Flechet avec sa croix, d’où descend ce ruisseau de Roule-Crotte dont le nom corrobore l’étymologie plaisant de Boucey, la Couesnonnerie, Verdun, berceau ou fief d’une illustre famille, Caugé, localité importante autrefois, consacrée par les chartes et les souvenirs.

L’originalité de l’église de Boucey consiste dans l’absence de portail occidental : elle a un porche au flanc de la nef. La nef a été refaite en 1675 et le chœur en 1730 ; mais il reste deux fenêtres du XVIe siècle avec des fragments de vitrail. La cuve ronde du baptistère, la base des murs, la croix ronde du cimetière, une dalle usée, empreinte d’une effigie de religieux, sont les derniers vestiges de l’église dont nous parlent les chartes.

Il y a dans la nef deux pierres funéraires d’un touchant intérêt : elles recouvrent chacune un époux et sa femme et tous deux de la même famille, Julien EXCALOT et Suzanne, sa femme, 1559, d’un côté, Jean EXCALOT et Anne PASTUREL, 1636, de l’autre. Une dalle, parfaitement insculpée, placée près de celle-ci, est la sépulture de maître Jean GESLIN, curé de Boucey, 1775.

Au pied de la vieille croix du cimetière est la tombe de MASSELIN, doyen rural, curé de Boucey, 1739. Dans le chœur était l’écusson des LANGERON, dont on ne voit plus que la pierre, qui a été mutilé dans la Révolution. La dernière révolution, plus tolérante, a laissé leurs fleurs de Lys, d’une bonne sculpture, d’un confessionnal et celle du dais de la chaire. Deux statues, une Saint-Barbe et une Vierge, puis de jolis vitraux bleus, blancs et jaunes, dont l’encadrement est une ligne de couronnes à fleurons élancés, et une Vierge, sont les principaux objets d’ornementation anciennes.

Les seigneurs de Boucey cités sont les plus anciens que nous connaissions. Au commencement du XIIe siècle, Guillaume de Boucey, baron du Comte RANNULFE, souscrivit à une charte relative à Ducey.

Le patronage de cette église appartenait au Mont-Saint-Michel auquel il fut aumôné en 1194 par Pierre DE SAINT-HILAIRE, seigneur de Boucey. Toutefois cette aumône n’était sans doute qu’une confirmation ; car la grande bulle du pape Alexandre III, de 1178, cite « ecclesiam de Buce » au nombre des églises du Mont, ainsi qu’une terre « terra juxta portam Pontis Ursonis ».

Dans ce siècle, un seigneur de Boucey se fit moine du Mont-Saint-Michel et rendit une charte pleine de détails curieux : « Moi Richard, fils de Richelin de Boucey, j’avais été accablé d’une maladie grave et longue, à mon retour de Jérusalem. Reconnaissant que j’arriverais bientôt au moment suprême et que j’entrerais bientôt dans la voie de toute chair « viam carnis universe », gémissant, pleurant et tremblant, j’envoyai deux hommes probes et vénérables, Godefroy de Pontorson, chapelain du Roi, et Bernard de Boucey, mon prêtre, vers l’abbé du Mont, pour lui demander l’habit de S. BENOÎT. Comme c’était un homme de grand discernement « vir discretissimus. » il m’envoya le prieur de son église avec un autre frère. Etant venus, ils me trouvèrent parlant avec beaucoup de facilité et d’éloquence ; ils me revêtirent de l’habit, du consentement de mon épouse. Pour cela, je donnai de mon fief quatre acres de terre. Mon neveu Richard CARDON consentit à ce don, il le confirma de sa main et déposa la charte sur l’autel de S. NICOLAS dans la chapelle de Pontorson, avec le livre de la messe. ».

En 1162, dans sa grande charte, W. de Saint-Jean donna à la Luzerne une terre qui appartenait aux moines du Mont et en échange à ceux-ci « feodum Alani de Buceio in quo sedet dimidia ecclesia et dimidium cimeterium Buceii, unde nobis x sol, et equi servicium persolvebat. ».

En 1186, Hervé de Verdun, chanoine d’Avranches, abandonna au Mont toute réclamation sur la dîme et le patronage de Boucey. Quelques année plus tard, G., évêque d’Avranches, confirma des dons faits en Boucey pour les infirmes du Mont. Voici les considérants de cette charte : «Ut liberalitates hominum locis religiosis exhibite et maxime in infirmos in perpetuum memoriter teneantur, dignum est earum noticiam fideli scripturae testimonio conservari. Quaproter nos attendentes infirmos monasterii Montis S. M. de periculo maris tenues habere redditus… divne caritatis intuitu et favore religionis de assensu Capituli nostri concessimus in perpetuam elemosinam in cantaria ec. de Boceio que ad presentationem monasterii noscitur pertinere, totum bladum tocius parrochie… ».

Il y a eu un château de Boucey : il était situé à l’ouest de l’église, vers le marais. Il fut vendu et détruit, et ses matériaux entrèrent dans la construction de l’église d’Aucey. Il était alors aux Langeron. Mais auprès de l’église, du côté nord, on voit encore une vieille habitation avec un grand cintre semé de boules comme le portail roman de Sartilly, et avec un colombier. C’est la terre de Verdun. Bien qu’il ait plusieurs Verdun dans l’Avranchin, c’est à celui-ci que nous rattachons des détails sur cette famille, dont plusieurs sont empruntés à M. de Gerville.

Le nom Verdum et Verdon se trouve dans presque toutes les liste de la Conquête : Bertrannus de Verdun est cité dans le Domesday comme Tenant en Chef dans le Buckinghamshire, et on dit de son manoir de Ferneham « en hoc manerio tenet Goisfridus de Mannevile dim. hid. de qua desaisivit predictum Bertrannum dum esset trans mare in servitio Regis. Rad. Tailgebosc fecit super terram Bertranni unum molinum. ».

Norman de Verdun, son successeur, épousa Lesceline, fille du Chambellan et trésorier de Henri Ier. Un de Verdun était à la Croisade du Duc Robert-Courte-Heuse. Nous trouvons un de ses dons dans la charte de la Luzerne : « Ex dono N. de Verdum unum pratum apud Fougeroles et 9 sol. cen. in feodo P. Ascelin. ». Dans les chartes du même monastère, nous trouvons d’autres Verdun : « Ex dono W. de Verdun unum campum in exitu Pontis Ursonis et unum pratum super Coisnon… Ex dono N. de Verdun 11 sol. cen. ».

Les Rôles de l’Échiquier citent pour 1180 Rob. de Verdun, et Ran. de Verdun pour 1195. Un second Bertrand souscrivit à la charte de Ponts, et son frère Hervé, la chanoine, a été cité ci-dessus. Ce Bertrand suivit Richard Cœur-de-Lion à la Croisade, et se trouva à la prise de Saint-Jean-d’Acre dont il fut nommé gouverneur. Un de Verdun était parmi les défenseurs du Mont-Saint-Michel. Un autre fit sans doute sa soumission : « Don a Ph. de Verdun ec. de ses héritages en la chatellenie de Pontorson. ». Leurs armes varient selon les branches : celle de la Grenne porte d’Or fretté de sable. La branche Anglaise, célèbre, sous le nom d’Aldittley, francisé en Audeley, porte d’Or fretté de sable. Les Lemoigne de Sourdeval, branche cadette de Verdum, porte au Franc quartier de sable.

L’étymologie de Boucey nous en révélera une nouvelle. Boucey, comme les communes voisines, tire son nom d’un chef normand, dont un descendant était à la Conquête : Rob. de Buci est cité dans le Domesday comme Tenant en Chef et comme Sous-Tenant.

Ainsi Macey, Vessey, Aucey correspondent à Maci, Veci, Alci du Domesday. De Buci sont dérivées des formes des chartes, celles que nous avons citées et d’autres encore : « un diplôme du Gallia donne Hugo, filius R. de Bosceio ; le Livre Vert dit epud Bocenum – Boce. – Nic. chief de Bosc. – Carta decime de Boucie et de Bocci et Rad. de Boce ».

Mais nulle part on ne trouve de forme qui justifie l’étymologie de Cenalis : c’est en dépit des chartes et de la nature que, dans son humeur fantasque et son interprétation primesautière, il appela Boucey Buxetum à Buxeto.

Sources : Avranchin monumental et historique, Volume 2 (par Édouard Le Héricher).

Caugé

Caugé est historiquement un village de Boucey, et comme un faubourg de Pontorson. Il n’y a plus rien de monumental, et la tradition a perdu le souvenir du passé.

Cependant Caugé a été sinon une paroisses, du moins un village avec une église et probablement un manoir. On a cru que la Scallei de la célèbre charte du Duc Richard n’était autre chose que Caugé. C’est l’opinion de M. Stapleton, qui, en outre, croit que l’église de Caugé, voisine de Pontorson, a été paroissiale, et qu’elle ne cessa probablement de l’être que lorsque Henri II eut donné Pontorson au Mont-Saint-Michel.

Une charte de 1056 mentionne « Ecclesia de Calgeio ; » la bulle d’Alexandre III, de 1178, cite « Ec. de Caugé cum pertinentiis suis, » et dom Huynes, en parlant des biens enlevés à son monastère, écrivait au commencement du XVIIe siècle : « La cure de Caugé est aussi douteuse en l’évêché d’Avranches. ».

La charte précitée est donc intéressante comme renseignement local et comme peinture du temps : sa souscription aide encore à localiser Caugé : « Ego Ascelinus de Calgeio necessitate constrictus quamdam partem terre de Calgeio in vadimonium cuidam amico meo, Mainerio de Monte, dederam. Cum vero reddendi terminus appropinquasset deficiente tum pecunia….. et ipse religionis habitu cupiens indui tandem divina inspiratione compunctus, consilio inito consensu amicorum et ipse hanelans maliorare vitam meam concessi terram illam ec. B.S Michaeli de Monte eo tenore quod. abbas Ranulfus me cum ipso Mainerio in manochili ordine suscipiet… Videns autem Rogerius Lohoth filius meus renuntiavit et ipse seculo et facti sumus monachi in ec. S. M. data pro ipso Rogerio ecc. de Calgeio cum omni decima et sex acris terre quae ipsi acc. contingebant et uno frusto prati juxta marescum… sint maledicti et excommunicati omnes heredes mei et participes cum diabolo fiant qui hoc donum rescindere voluerint… Rain. et Garn, de Maldreio, Golt. de Marigneio, Nic de Boceio, Flaaldus de Magnion, Ric de Cureio. »

Caugé a été aussi le théâtre d’une bataille entre les Vendéens et les Républicains.

Quand l’armée vendéenne eut été repoussée de Granville, et que sa cavalerie eut poussé une pointe jusqu’à Villedieu, cette émigration de cent mille hommes, décimée et démoralisée, revint vers la Loire par la route qu’elle avait suivie peu de jours auparavant. Les troupes républicaines se mirent en mouvement pour prendre les Vendéens entre deux feux. Sepher, qui venait de Caen avec l’armée dite des Côtes de Cherbourg, se mit à leur poursuite.  Le Général Marigny, posté à Sacey avec 1 500 hommes de troupes légères, sur le sol de l’ancienne forteresse de Cheruel, ne bougea pas, par jalousie, dit-on, à l’égard du Général Tribout. Celui-ci commandait Pontorson avec 4 000 hommes. Il en envoya 600 pour couper le pont de Pontaubault. Lejeay et Forestier, deux officiers vendéens, attaquèrent cette troupe et la dispersèrent. « Ils allèrent jusqu’auprès de Pontorson, et, étant tous deux seuls en avant, ils se trouvèrent, au détour du chemin, en face de l’armée ennemie. Ils voulurent revenir, mais Forestier avait un cheval rétif qu’il ne put jamais faire retourner, il s’écria : « À moi, Lejeay ! Je suis perdu ! ». Lejeay revint, prit la bride du cheval : ils se sauvèrent au milieu d’une grêle de balles, et rejoignirent l’armée qui s’avançait. ».

L’armée ennemie était celle de Tribout, et le détour de la route auprès de Pontorson ne peut être que Caugé. Tribout, très-faible en face d’une trentaine de mille hommes, s’était établi au carrefour appelé Croix-de-la-Cage, et avait braqué ses canons sur la grande route, où ses flancs étaient sans défense. D’Autichamp attaqua les Républicains avec la division de Beauchamp qui formait l’avant-garde : c’était vers le soir du 18 novembre 1793. L’artillerie des Républicains fit d’abord des ravages parmi les Vendéens, mais ils furent aisément débordés, pris en flanc, et enveloppée.

Chargés à la baïonnette, ils furent refoulés jusqu’à dans Pontorson, et là, dans les rues, presque tous furent taillés en pièces. L’affaire dura de 4 heures à 9 heures. On jeta une partie des cadavres dans des carrières qui s’appelèrent dès-lors les Perrières-ès-Morts : le sol est encore plein de balles, et on en trouve aussi sous l’écorce des vieux arbres.

Tribout fut destitué. Forêt, un des meilleurs officiers vendéens, fut blessé à mort, et on brisa un canon pour mettre des chevaux à sa voiture. La route et les rues furent jonchées de cadavres, et on pourra juger de l’horreur de cette bataille nocturne par le récit de Madame DE LA ROCHEJACQUELEIN : « J’arrivai en voiture sur les 9 heures du soir, comme le combat venait de finir. J’étais avec une femme de chambre qui portait ma pauvre petite fille. Messieurs Durivault et de Beauvolliers, tous deux blessés, étaient avec moi aussi. La voiture passait à chaque instant sur des cadavres ; les secousses que nous éprouvions lorsque les roues rencontraient ces corps, et le craquement des os qu’elles brisaient faisaient une impression affreuse. Quand il fallut descendre, un cadavre était sous la portière ; j’allais mettre le pied dessus, lorsqu’on le retira… ».

Sources : Avranchin monumental et historique, Volume 2 (par Édouard Le Héricher).

Cormeray

Le territoire de Cormeray, carré assez régulier, forme un appendice au sud-ouest de Macey.

Cormeray était autrefois une paroisse, et avait son église et son manoir. Son église est une ecclesiola, flanquée d’antiques contreforts. Ils datent sans doute de l’époque romane. La seconde époque est le XVe siècle, que représente la grande fenêtre orientale. Le portail, cintre rustique, est du XVIe siècle. Mais elle apparaît pour la première fois au XIème siècle, elle fut « rétrocédée » à un petit seigneur laïc l’abbé, en échange d’un service d’ost, et restera jusqu’à la Révolution à la nomination du seigneur de la paroisse.

Dans l’intérieur sont de vieilles statues. Ce qu’il y a de plus frappant, c’est un autel du siècle dernier, qui se distingue de ses analogues par son luxe d’ornementation : ce sont des colonnes torses autour desquelles s’enroulent et grimpent des pampres vigoureux chargés de grappes gonflées, des niches ornées de coquilles, des pots à feu, des volutes, des festons, enfin « toutes les fantaisies coquettes de l’architecture rocaille et chicorée » ou plutôt « cette lèpre d’oves, de volutes, d’entournements, de draperies, de guirlandes, de franges, de flammes, d’amours replets, de chérubins bouffis qui commence à dévorer la face de l’art dans l’oratoire de Marie de Médicis, et le fait expirer, deux siècles après, tourmenté et grimaçant, dans le boudoir de la Dubarry. ».

Cormeray était la plus petite paroisse du diocèse d’Avranches : elle comptait 12 feux ; le Grippon en avait 14. En 1648, cette église, qui avait pour patron le seigneur du lieu, rendait 300 liv. : elle était dédiée à Saint-Martin.

À peu de distance, dans un enclos muré qu’on appelait Liber, était un prêche célèbre ouvert en 1627, incendié en 1662 puis démoli en 1684 par un de La Champagne, lieutenant au bailliage, en vertu des ordres du Roi. Les matériaux furent adjugés aux frères de la Charité de Pontorson. Ce prêche était une ancienne maladrerie, mentionnée dans le Pouillé de 1648 : « La maladrerie de Cormeray, de fondation commune, qui a pour patron l’évêque, rend 35 liv. ».

La suppression vers 1800 de l’arc triomphal séparant la nef du choeur a entraîné la disparition du clocher peigne qui le surmontait à l’extérieur, et son remplacement par un petit clocher en charpente, placé sur le pignon occidental de la nef. La façade porte intérieurement les traces d’un incendie très violent qu’on ne retrouve pas dans le reste de l’édifice.

La modestie de l’architecture de cette église est largement compensée par le riche mobilier qu’elle abrite, et qui n’a heureusement pas bougé depuis l’inventaire qu’en fit Yves Nédélec en 1979 dans les Mélanges multigraphiés. On y trouve entre autre un Saint-Sébastien en pierre du XVème siècle, un Saint-Étienne et une Sainte-Barbe du XVIème siècle, un bel ensemble formé d’un Christ et de deux statues en bois de la Vierge et de Saint-Jean au pied du calvaire de la fin du même siècle, oeuvres très expressives provenant d’une ancienne perque, enfin une paire de grandes statues en bois représentant Saint-Vital, fondateur de l’abbaye de Savigny, et sa Soeur Saint-Adeline, fondatrice de l’Abbaye Blanche de Mortain, œuvres de qualité, malheureusement décapées, et venant très certainement d’ailleurs.

Le chœur abrite un beau retable et une balustrade de la fin du XVIIe siècle, mais nous avons eu la surprise de découvrir, déposés au revers de la façade, deux retables latéraux en bois du milieu du même siècle, présentant un grand décor architectural.

Répondant à une commande de Mgr Bravard, l’abbé Guibert, curé de la paroisse, a rédigé pour les Conférences ecclésiastiques de 1866 une notice sur l’église de Cormeray. Il y affirme que « ces autels qui font l’admiration de tout le monde et la richesse de l’église » proviennent de la cathédrale d’Avranches, et qu’ils avaient été apportés à Cormeray par Monsieur Déloget, prêtre constitutionnel.

Le nom primitif, celui qui est resté dans la prononciation locale, était Cromeray : c’est la forme qu’il a dans la charte de 917 : « Dimidium Cromerei ». Nous le trouvons ainsi dans sa latinisation générale, et en particulier dans un registre des Synodes : « S. M. de Cromereyo ». Cromer est sans doute le nom de celui qui posséda et dénomma cette localité dans la grande division du sol normand qui fit Rollon à ses fidèles : « Terram funiculo suis fidelibus divisit. ».

À Cormeray est né le Général Legendre. Soldat au régiment de Forez, prêtre, puis soldat, quand la Révolution éclata, il parvint au grade de Général de Brigade. Il ternit ses services par la part qu’il prit à la capitulation de Baylen. Il fut secrétaire de celui qui signa cette capitulation, du Général Dupont, quand la Restauration en eut fait un ministre de la guerre.

Détail peu connu, le nom de Cormeray figure dans « Quatre-vingt-treize » de Victor HUGO. « Ce qu’il regardait, c’était le clocher de Cormeray qu’il avait devant lui au fond de la plaine … La Silhouette de ce clocher se découpait nettement, on voyait la tour surmontée de sa pyramide et, outre la tout et la pyramide, la cage de la cloche, carrée, à jour, sous abat-vent, et ouverte aux regards des quatre côtés, ce qui est la mode des clochers bretons » (1ère partie, IV, 2).

La description de Victor HUGO ne correspond guère évidement au clocheton couvert d’ardoises que nous connaissons. Seul le nom de Cormeray a frappé l’imagination de Victor HUGO.

L’ancien Temple

L’histoire de cet édifice disparu est assez bien documentée. Les Montgommery, maîtres du château et de la ville de Pontorson, vont édifier peu après l’édit de Nantes le « presche » à quelques pas seulement de l’église paroissiale Notre-Dame. Mais en 1621 Gabriel II de Montgommery va échanger la place contre trente mille écus et une autre charge. Son départ de la ville va entraîner la fermeture du prêche, et obliger la communauté protestante à trouver un autre lieu de culte. Le 12 septembre 1626, un arrêt du Conseil du Roi va autoriser les réformés de la ville « de faire l’exercice de leur religion en ce lieu de Cormeray, distant d’une lieue ou environ de la ville, et de construire au dit lieu un temple pour le dit exercice à leurs frais et despens ».

Gabriel d’Hauteville fit don du terrain, sur lequel fut rapidement édifié le temple, grâce à la générosité de Gabriel de Montgommery, de Jacques Dalibert et des autres notables de la communauté. Inauguré le 12 août 1627, le temple accueillait au moins trois services par semaine : le principal le dimanche matin à 9 heures, le second à 15 heures le même jour, enfin un service était célébré le jeudi. Incendié en 1662 par Olivier Bence, vicaire de l’église voisine, le temple fut reconstruit en 1669, avant d’être rasé juste avant la révocation de l’Édite de Nantes en 1685, et ses pierres furent données à l’hôpital de Pontorson.

Les registres de ce temple et de la communauté ont été perdus, mais le souvenir de son emplacement au centre du village, dans le champ Libert, a survécu. Les bases d’un mur le long de la rue et un fragment de pierre tombale gravée du XVIIe siècle sont peut-être ses derniers vestiges. Avec quelques pierres dans un enclos voisin, qui devrait abriter le cimetière.

Sources : Avranchin monumental et historique, Volume 2 (par Édouard Le Héricher) et la Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville (Tome 96, année 2019).

Curey

La forme de Curey est généralement circulaire : l’église est à peu près au centre. La courbe du nord est tracée par le ruisseau des Monts-Leval ; le reste des lignes est arbitraire.

Par un développement récent, l’église est devenue cruciforme. Entre le chœurs et la nef il y avait un campanier : il a été détruit, rien ne le remplace : la paroisse a une église sans clocher. La grosses cloche, suspendue dans une cage en charpente, se balance près du sol dans le cimetière. L’édifice primitif, sans doute celui que le fils de Rollon donna au Mont-Saint-Michel, revit à nos yeux dans sa façade occidentale, dans des fenestrelles, des modillons et un vestige de porte.

Le XVe siècle est attesté, dans le chœur, par deux fenêtres et des vitraux où domine le jaune, et où l’on remarque le patron, Saint-Martin, mitré et crossé. Il y a beaucoup de dalles sépulcrales sur l’une desquelles est gravée une jolie croix. La plus ancienne mention que nous connaissions de cette église est dans la Bulle du Pape Alexandre III (1178), confirmative des dons faits au Mont : « Ecclesias de Ardevone, Vuinnes, Curei ».

Plus tard elle fut cédée au Chapitre d’Avranches, témoin, cette charte du Livre Vert : « Ric. abbas M. S. M… nos concessionem juris patronatus et decime de Cure quam G. de Novo Mesnillo fecit viro ven. et discr. Decano in capit. Abr. ratam habemus 1259. » Ce même Guillaume donna à Foulques De Crux, son Oncle, chanoine d’Avranches, la dixme de Soligny. Elle était taxée à 12 liv. 10 s. En 1648, elle rendait 300 liv. ; en 1698 autant, et elle avait trois prêtres outre le curé.

Curey renferme deux fiefs antiques, données au Xe siècle au Mont-Saint-Michel par Guillaume-Longue-Épée, Forges et Soligny « Forges, Solinnei ». Tous deux offrent quelque intérêt de construction : Forges a un grand escalier et sa tourelle ; Soligny a son portail, du XVIe siècle, à deux archivoltes, avec des jambages cannelés, sa fenêtre à deux accolades terminée en large trèfle, et son colombier avec sa bande armoriale.

Au XIVe siècle, G. du Hommet occupait le fief et vavassorerie de Soligny. Au XVIe siècle, il était aux Montgommery. Il est aisé de rattacher l’étymologie de ce nom à celle de Subligny, à tel point, mais à tort, selon, nous, qu’on a mis dans ce fief le berceau de l’illustre famille de ce nom.

Les autres fiefs sont les Martigny, Boschel, ect., mentionnées ci-dessous. Le Coin-des-Eaux indique un sol particulièrement humide dans une commune généralement basse et unie.

Richardus de Cureio signa la charte de Caugé en 1050. Le Livre de l’Échiquier pour l’an 1198, et pour la préfecture de Pontorson, mentionne Jean de Curey : « de Joh. de Cure x li. ». On y trouve aussi un « Odo de Soligneio ».

En 1261, le Mont acquit la prévôté, services et corvées de Curey.

Dans la Nécrologie du Mont figure, au XIVe siècle, Gui de Curé.

Dans ce siècle, Rob. de la Croix tenait la vavassorerie de Boschel en Curey, et Colin James, Martigny. L’Inventaire des Chartes dressé à cette époque mentionne : « Lit. presentationis ecc. de Curey – concordia inter nos et Fulc. de la Besliere supra quod mercatur apud Souligne 1318. ».

En 1420, le Roi d’Angleterre fit « expédition du don fait a Colin James et a Roullande de Martigny de leurs héritages en la chastellerie de Pontorson, suivant la composition du chastel de Briquebec, mande au vicomte d’Avranches laisser jouir. ».

A la fin du XVe siècle, Monfaut trouva des nobles à Boucey et à Curey ; les Delahaye et Pierre de Martigny à Curey.

En 1698, le gentilhomme de Curey était René Delahaye, écuyer, et la paroisse payait 915 liv. de taille avec 82 taillables.

En 1765, Expilly écrivait de cette paroisse « … 37 feux. Son terroir abonde en grains et en pâturages excellens. ».

D’après ces citations on peut reconnaître que le nom de Curey a peu varié. La règle générale qui préside aux noms terriens, et l’étymologie des localités circonvoisines autorisent à voir dans ce mot un nom propre, comme Curi. Le Domesday nous donne ce nom : Curi était propriétaire dans le comté de Leicester. Il y a en France une dizaine de communes du nom de Cure, Curé et Curey.

Sources : Avranchin monumental et historique, Volume 2 (par Édouard Le Héricher).

Les Pas

Les Pas, d’un dessins très irrégulier, consiste principalement en un plateau triangulaire, fortement accusé au sud-est où s’élèvent trois monts, de forme tumulaire, dits les Monts-Leval. Une voie romaine, celle de Fines à Condate, traversait cette commune, où son parcours est signalé par le nom même du lieu, par celui de Rome, du Désert, etc…

L’église des Pas s’élève à l’extrémité d’un plateau, vers l’endroit où le terrain s’incline pour former la vallée de Moidrey. C’est un édifice moderne, dont la tour raide et coiffée d’une lanterne ronde, dans le style moscovite, n’a de remarquable que son élévation qui en fait un point de reconnaissant de fort loin.

La tour et la nef datent de 1770 ; le chœur est 1832. L’église actuelle a remplacé un édifice du XVe siècle, dont il ne reste plus qu’un fragment d’escalier et un segment de bordure, et qui n’avait qu’un campanier. Pour bâtir le chœur actuel, on a démoli une jolie fenêtre prismatique à triple lance. L’intérieur, qui est d’une grande propreté et d’une certaine élégance, ne se recommande guère que par le tableau du retable qui fait honneur au talent de M. Loir.

Il y a dans le cimetière une croix polygonale avec Christ en entaille. En 1648, cette église rendait 400 liv. En 1698, la cure valait 150 liv. ; la taille était de 4003 liv. payées par 60 taillables. L’église, dédiée à Saint-Martin, était sous le patronage du Mont-Saint-Michel : au XVe siècle elle était taxé à 15 liv. de décime. Notre épigraphe nous apprend qu’il y avait aux Pas une église au moins vers le milieu du XIIe siècle.

Les Anglais au XVe siècle, pendant le blocus du Mont-Saint-Michel, construisirent une bastille aux Pas, en même temps qu’à Ardevon. Il n’y a plus de vestige matériel de cette forteresse, et la chétive tourelle qu’on vous montre aujourd’hui, n’en peut être qu’une très-imparfaite imitation.

Mais le souvenir en est resté dans le nom du champ où elle s’élevait, le champ de la Bastille. Pendant que les Anglais bâtissaient leur château sur cette paroisse, deux gentilshommes du lieu, L. des Pas et G. des Pas combattaient contre eux, retranchés avec d’autres braves derrière les murs du Mont-Saint-Michel. Leurs noms figurent dans la liste authentique que nous avons citée. Nous avons recueilli d’autres nom, qui se rapportent à cette commune; les manuscrits du Mont citent : « Geoffroi, clerc des Pas, Guérin des Pas, Littera Rob. d’Isigny Petro de Passibus (1277).  ».

Eudes des Pas, curé de Pontorson, qui donne 25 sols à l’abbaye, Pierre des Pas, Hubert des Pas, Jean des Pas, Pétronille, mère de Henri des Pas, la plupart cités comme bienfaiteurs dans le Nécrologe du Monastère. Nous avons cité ailleurs le titre d’un chapitre d’un manuscrit du Mont sur l’obligation dans laquelle sont les quatre paroisses d’Ardevon, Huisnes, Les Pas, Beauvoir de faire le guet au Mont-Saint-Michel en conséquence des ordonnances des rois de France.

Il y a dans Les Pas un lieu qui porte un nom assez piquant, qui se trouve dans le Terrier de l’Abbaye, le Butte à la Reyne.

Ce nom des Pas, que dom Huynes écrit les Pacz, dérive de sa situation sur la voir romaine, au débouché de la Baie. Ce mot Pas, passage, et ceux de Maupas, Repas, Passais, indiquent généralement un passage fréquenté sur une voie. Un peu plus loin sur le même littoral est le Pas-aux-Boeufs. Le pluriel appliqué à notre commune s’explique pas le passage sur son territoire de la voie Fines à Condate, et la voie montoise, Queminum Montensem, ou route de Saint-James au Mont-Saint-Michel.

À ce nom se joignent naturellement les autres vocables de l’Avranchins qui ont la signification générale de passage : les Ponts, Pontcet ou Pontceau, Taillepied en Sacey, les Planches, les Voieries, en Fleury, les Viettes, les Sentes ou Sentiers, les Charrières, la Rue, les Ruettes, le Ruet, la Porte et Porches, la Porte au Goubé en Champcervon, la Porte dans la même commune ; le Portail en Argouges, la Porte à Saint-James, la Porte en Aucey, les Portes en Bacilly, le Porche en la Mouche.

Sources : Avranchin monumental et historique, Volume 2 (par Édouard Le Héricher).

Macey

Macey, dont les limites sont, au nord un ligne droite tirée dans une lande, à l’ouest une ligne très-brisées, naturelle et arbitraire, à l’est le ruisseau de Demanche avec une ligne idéale.

Macey est un sol généralement plat et humide, aussi porte-t-il quelquefois le nom de Macey-les-Étangs, comme la commune contiguë s’appelle Villers-le-Pré. D’autres noms sont dus à la même nature du sol, Noyant, la Ferme-des-Prés, des terrains cités dans le Terrier du Mont, le Pré-des-Noes, le Clos-de-la-Moire, le Bouillon.

On remarque encore dans ce livre de fermages le fief au Potier, le fief au Boucher, le manoir au Lair, la Vigne-Minier. Toutefois, une partie de Macey est sur le point culminant du faît qui sépare les bassins du Couesnon et de la Sélune, et c’est là que s’élève et s’arrondit cette coupole de verdure que l’on voit de presque tous les points de l’Avranchin, que le navigateur salue à l’horizon, que le Breton signale comme le point qu’il aperçoit le premier ou le dernier de la Normandie, la Foutelaie de Macey.

Quand on approche l’église, on remarque un cimetière sur une espèce de motte, une jolie croix historiée du XVIe siècle, une charpente à cloche, comme à Curey, une tour carrée, coiffée d’un dôme, de ce type moscovite, dont Saint-Gervais d’Avranches semble être le patron, et qui domine dans le canton de Pontorson et de Saint-James, une nef et un chœur du siècle dernier.

Rien ne captivait l’intérêt, n’était la grande fenêtre de l’orient. C’est un joli spécimen du flamboyant : c’est une baie divisée par deux meneaux en trois lances trifoliées, dont le tympan est rempli par une tracerie contournée. Elle encadre encore des vitraux qui représentent Jésus pasteur, Jésus crucifié, Jésus ressuscitant, avec un Paradis où volent deux anges, d’un coloris pâle et transparent, et au-dessous duquel sont des astres. Cette belle fenêtre est comme un pan de pampre sur des haillons, car l’intérieur est pauvre.

La cure de Saint-Sulpice-de-Macey appartenait aux religieux du Mont-Saint-Michel, à cause du franc-fief de Noyant qu’ils achetèrent en 1404. D’après le Livre des Constitutions, cette église était taxée à 32 liv. 10s. En 1648 et en 1698, elle valait 300 liv. et il y avait un vicaire.

Les seigneurs de Macey ne nous sont pas connus dans leur série complète : nous en citerons quelques-uns. Un seigneur de la Conquête, Hugo Maci, ou un de ses ancêtres, dénomma probablement cette paroisse, qui signifie habitation de Maci, Maceium, d’après l’analogie générale et des noms des localités circonvoisines.

Cette localité fut donnée au Mont dans l’acte célèbre de G. Longue-Épée (917), selon les termes de notre épigraphes. Alueredus de Macei souscrivit à la charte de Huisnes dans le XIIe siècle. Au XIVe siècle, Hamon et Rualem, seigneurs de Macey, devaient au Mont, pour le fief de Noyant, une partie de chevalier.

Au commencement du XVe siècle, le Mont devint le patron de l’église. À la fin de ce siècle, le seigneur était Jean Le Roy, chambellon de Louis XI, qui l’a nommé, en 1487, vicomte d’Avranches ; la famille des Le Roy avait encore la seigneurie dans le XVIe siècle.

En 1617, René Le Roy, fils du seigneur de Macey, fut tué d’un coup d’épée, près de Pontorson, par ce Jean Guiton, le petit Jehannot, que nous verrons entre les genoux du prince de Condé, à Argouges, capitaine des nefs rochelloises, dont la vie fut très-aventureuse. C’était une vendetta de famille, parce que Don Jean Le Roy, jacobin, avait tué, en 1589, le commandeur de Constance, allié de la famille Guiton.

En 1698, Henri et Gabriel Le Roy, et J. David, étaient les nobles de cette paroisse. Dans la fin du siècle dernier, le château et la terre de Macey passèrent dans la famille de Bréménil, par le M. Tesnière de Bréménil, qui administra comme maire d’Avranches dans la Révolution, et qui a laissé d’honorables souvenirs comme magistrat, et comme homme d’esprit et de goût.

Noyant était un des plus beaux fiefs du Mont. Il fut acquis des seigneurs par un des plus illustres abbés, Pierre Le Roy, en 1404, ce qu’on lit dans le Gesta Petri Regis : « Et fuit acquisitum feodum de Noyant. ». M. Stapleton a marqué ce lieu, sous le nom de Noant, dans sa carte de Normannia sub regibus Angliae.

Il y a encore le Manoir, dont quelques parties ne manquent pas de caractère archéologique et monumental.

Sources : Avranchin monumental et historique, Volume 2 (par Édouard Le Héricher).

Moidrey

La ligne tortueuse du Couesnon, qui forme la presqu’île fermée des Milardières, et la presqu’île ouverte des Verdières, là où, cessant d’avoir des rives, ce fleuve s’étale dans des vases blanches et désolées, sol intermédiaire entre la terre et la grève, découpe ou corrode Moidrey à l’ouest. Une ligne généralement idéale, anguleuse et saccadée, la détermine des autres côtés. Elle est traversée par l’ancienne voie montoise de Bretagne. Le sol ne se rehausse guère que dans le petit coteau de l’église.

C’est un humble oratoire, une ecclésiole. Entre le chœur et la nef était autrefois un campanier dont l’escalier existe encore. Aujourd’hui, une petite tour s’élève au portail. De l’église ancienne, il reste des dalles tumulaires, dont une à légende gothique, un Ecce homo en vitrail, la vieille croix ronde du cimetière, un bénitier, et quelques baies ogivales.

Dédiée à Saint-Laurent, elle avait pour patron le Mont-Saint-Michel. En 1648, elle valait 300 liv., et 400 liv. et 1698.

Près de l’église, est son ancien château, qui n’a plus de féodal que son colombier, et auquel nous rattacherons quelques noms disséminés. En 917, G. Longue-Épée donna Moidrey « Maldrei », au Mont.

Rainald et Guarin de Maldreio souscrivirent à la charte de Caugé en 1056. En 1188, Walterius de Maidré, fut témoin dans une charte du Cartulaire de l’Abbaye ; ailleurs on trouve aussi Aluredus de Maidreio. Dans ce XIIe siècle, Raoul de Fougères donna au Mont des fiefs « que tenet de ecc. de Maidre. ».

Le seigneur de Moidrey fut un des nombreux bannerets de ce canton qui prêtèrent serment de fidélité à Geoffroi d’Anjou. Au XIVe siècle, Foulque Paisnel devait au Mont le tiers d’un chevalier pour le village de Moidrey qui lui avait été fieffé.

Au XVe siècle, pendant l’occupation étrangère, Jean Trehan de Moidrey se vit enlever ses manoirs, terres, fieux et rentes qui furent donnés à G. Kehin. En 1698, les nobles à Moidrey étaient J. Tardif et Nic. Desforges.

Moidrey renfermait une antique chapelle ou maladrerie, dédiée à Saint-Blaise, dont le souvenir ne vit plus que dans le nom de son emplacement, appelé le Champ-Saint-Blaise. En 1648, elle valait 40 liv., et en 1698 elle n’en rendait que 30 liv. Elle avait en ce siècle pour patron le grand-aumônier de France et dépendait de l’Hôtel-Dieu d’Avranches.

La forme générale du nom paroissial est Maidrey, comme on peut le voir dans nos citations des chartes, et comme nous le trouvons encore dans le Registre des Synodes : « S. Laurentius de Maidreio. ».

Moidrey n’a rien gardé de cette époque romane qui vit naître son église et toutes celles qui bordent la baie, dans ce fécond XIe siècle, où le monde, selon l’expression de Raoul Glaber : « Se remuant pour jeter sa vieille dépouille, semblait s’être couvert d’un blanc vêtement d’églises. ».

Une plume qui a su dessiner largement et peindre avec éclat les marines et les paysages de la baie, a esquissé le tableau vu de la colline de Moidrey :

« En arrivant au Mont par Pontorson, on découvre, pour la première fois, le monument sur la hauteur qui domine Moidrey, entre les touffes d’arbres dont ce village est enveloppé. De là, le Mont semble, par un temps clair, s’élever au fond du vallon même de Moidrey, dont les arbres masquent l’étendue et la profondeur. Ce n’est qu’à la hauteur du moulin de Moidrey qu’on peut voir se dérouler à larges plans un des plus beaux aspects du Mont. Encore paraît-il presque adhérent à la terre ferme et beaucoup moins colossal qu’il n’est en réalité. Mais il se découpe en contours nets et arrêtés sur un immense horizon de ciel et de mer ; puis le paysage est fermé au sud-ouest par la côté de Saint-Georges et le Couesnon avec ses circuits capricieux ; à l’ouest par la côte de Cherrueix, baignée dans le mirage qui argente de ses vapeurs les grèves et les campagnes ; au nord-ouest par le Grouin-de-Cancale, d’où l’on voit se dérouler en zigzags les immenses pêcheries de la baie ; au nord par le Mont-Tombelaine, par la pointe de Carolles et par celle de Granville qu’on aperçoit de là toutes les fois que l’horizon est sans brume. ».

Sources : Avranchin monumental et historique, Volume 2 (par Édouard Le Héricher).

Vessey

Vessey affecte la forme générale d’un triangle : il n’y a guère de limites naturelles : ses principaux cours d’eau sont la Dierge, le ruisseau de Cerisay, et celui du Loison.

Les noms les plus significatifs sont la Croix-du-Prêtre, le Manoir-au-Court, la Corne-de-Lièvre, le Val, Saint-Gilles, la Ramée, les Noes, le Logis-de-Verdun, le Moulin-aux-Moines.

L’église, dont le patron était l’évêque d’Avranches, possède un vestige d’une haute antiquité dans son portail septentrional et dans sa côtière en opus spicatul. Ce portail est le roman dans sa simplicité la plus nue, et nous le croyons antérieur au XIe siècle ; il est abrité par un porche du XVIe siècle, appelé populairement le chapitreau. Le chœur montre encore de jolis vitraux dans ses mutilations : il a été fait en 1556. Sa fenêtre orientale a perdu ses meneaux et sa tracerie. Une fenêtre latérale renferme un Crucifiement en vitrail peint. La tour est de 1611, et n’a de remarquable q’un trèfle tellement ouvert, comme à Ceaux, qu’il figure une accolade, et exprime la transformation de la première figure dans la seconde. Les deux croix rondes du cimetière se rattachent à l’époque romane. Le reste de l’église est récent, mais en partie refait avec d’anciennes pierres.

L’église Saint-Vincent de Vessey rendait 400 liv. en 1648 ; en 1698, elle valait 800 liv., elle avait neuf prêtres ; 270 taillables payaient 2 018 liv. Le gentilhomme était alors Ch. de Verdun, sieur de Balent.

Un curé de Vessey est devenu évêque. En 1588, le frère de Georges Péricard, évêque d’Avranches, François Péricard, scolastique et curé de Vessey, fut élevé sur le siège épiscopal d’Avranches. À l’esprit religieux, il unit le courage guerrier. Ligueur résolu, il soutint en personne, avec son frère Odoard, le rude siège d’Avranches par le Duc de Mont-Pensier, qui fit crouler sous ses boulets la salle synodale attenant à l’évêché. Deux grands événements, la Ligue et la Révolte des Nu-Pieds, joints à son mérite personnel, firent de sa prélature une des plus grandes de l’épiscopat d’Avranches.

Mais la principale illustration de Vessey est son Prieuré de Balent, un des principaux du Mont-Saint-Michel : aussi est-il très-souvent cité dans les livres de cette abbaye.

Il est cité dans le Cartulaire pour une concession du XIe siècle : « Ego Willelmus concessi Vicum Crucis, Vilers, Baleent. ». Il apparaît dans l’énumération des propriétés du Mont dans la grande charte d’Alexandre III, rendue en 1178 : « Villam de Cruce, Villaire (Villers), Baalent, ect. ».

En 1188, Balent fut le théâtre d’une solennelle donation faite au Mont par Raoul de Fougères et racontée dans une charte du Cartulaire : « In festo SS. Damiani et Cosmiani, D. Martinus, abbas montis S. Michaelis perrexit ad domum S. Michaelis de Baalem, cum monachis et militibus : fuerunt autem monachi cum eo Guimundus Prior, W. de S. Georgio, Prior de Vilamers, Rob. de Baalem, Albandus socius ejus ; milites vero Hugo de S. Pancratio, W. de Cauge, W arr. de Maidre, et Thomas filius ejus adhuc puer ; post hos autem Pliverius filius de Laisas, puer, ect., et venit etiam epsa die ad eumdem locum D. Rad. de Dilgeriis… qui dedit de feodis que tenet de ecclesia Montis, scilicet de Maidre... » et pour ces dons : « Post missam festivitatis ipse cum tribus aut quatuor de militibus suis comedet in refectorio, ad dexteram domini abbatis, socii vero ejus comedent in camera aut in villa. ».

Vers ce temps, selon dom Huynes, l’abbé Robert « unit à son abbaye les biens des Prieurés de S. Pair, de Brion, de Genest, de Ballan et de St Meloir ».

Dans le Livre des Constitutions on lit que le Prieuré « de Baalaam » était taxé de 7 liv. 5 sol. et demi.

En 1337, l’abbé de Marmoutier, délégué par le pape, vint au Mont, et de concert avec l’abbé arrêta que deux religieux seraient envoyés à Paris « ad studia generalia » et entretenus aux frais des Prieurés : celui de Balent fut taxé à 30 sous.

Balent est souvent cité avec la Chapelle-Hamelin dans l’Inventaire des Titres fait au XIVe siècle. Le seigneur du fief de Balent était soumis à une redevance qui rappelle celle de Lord Scale pour le Rec de Granville, et qui sert à prouver que la dette féodale était plutôt un signe de vassalité qu’une affaire d’intérêt. À l’article de Balent, dans le Terrier, on trouve cette note : « Est deub tous les ans au jour de S. Michel par le seigneur du fief de Balent un chapeau de roses ou douze deniers de rente. ».

Il reste du Prieuré une statue de Vierge en tuffeau et une fenêtre trifoliée.

Le nom de Vessey semble dériver, avec les noms des paroisses voisines, de celui d’un chef de la Conquête. D’après le Domesday, un Robert de Veci possédait dans les Comtés de Shrop et de Lincoln. Dugdale le cite dans son Baronage. Le Versey de la liste de Brompton est peut-être le même personnage. On voit par la souscription de Liger de Vesci, et par les Vecie des chartes, qu’au Moyen-Âge le nom se conservait fidèle à sa forme originelle.

Vessey est une grande terre, le fief de Guivray, dont le nom semble dériver de Guivre, serpent. Il a pour armes un serpent qui tient un enfant par le milieu du corps. On racontait qu’un Guyvray, archer d’un Duc de Normandie, avait tué un serpent qui allait dévorer un de ses enfants, et que, pour ce fait, il avait été gratifié de ces armes et de cette terre.

A Vessey séjourna quelque temps un illustre botaniste né dans le voisinage, M. Louiche Desfontaines, dont la Flore de l’Atlas fut à la fois une oeuvre de science et de courage, et dont le nom vivra autant que la Fontanesia et la Louichera.

Sources : Avranchin monumental et historique, Volume 2 (par Édouard Le Héricher).