Possessions des Montgommery

L’article suivant est de la propriété de Monsieur Albert Yves DEHOUX, historien local. Il est diffusé avec son aimable autorisation.

Acre, arpent, vergée…

La numérotation des parcelles est identique à celle employée sur le cadastre de 1814. Nous pouvons donc déterminer les appellations, emplacements et superficies de chacune d’elles. Ainsi, l’actuelle Place Leclerc correspond à la parcelle 137 nommée « Le Grand Jardin » qui s’étendait sur 1.3 hectares, antérieurement citée pour « Environ 2.5 vergées ». Le calcul est donc simple, la vergée utilisée dans les actes qui vont suivre équivaut à plus ou moins 1 250 m² ; l’acre vaut 4 vergées soit environ 5 000m².

 

Un peu d’histoire

Après négociation et moyennant finance, le Comte de Montgommery consent à céder la place de Pontorson ; nous sommes en février 1621. Peu après, Louis XIII  ordonne le démantèlement de la ville fortifiée. En novembre de la même année, il fait don à Gabriel Collignon, conseiller et secrétaire du Roi « […] des Lieux et places tant du château de Pontorson, fossés d’icelui et de la ville du dit Pontorson que des éperons, fortifications détachées de la dite ville et du dit château […] et les démolitions qui en proviendraient, ensemble des maisons, jardins et autres lieux situés et assis au dedans de la dite ville qui appartenaient au sieur Comte de Montgommery […] ».

Il est présumable que Jacques III de Montgommery se substitue aux droits de Gabriel Collignon par l’effet d’un arrangement particulier. Redevenu propriétaire, il acquiert par la suite plusieurs portions de jardins et maisons de 1636 à 1643.

En 1674, un arrêt du Parlement de Rouen attribue différents biens au marquis Jean de Montgommery et à Suzanne, sa sœur, au titre de tiers coutumier (troisième partie des biens du père au de la mère accordée en propriété aux enfants) comme héritiers de Jacques leur père. Il résulte de cet acte que les biens situés à Pontorson, provenant du domaine du Roi, constituaient en la maison et jardin de Pontorson, les deux prés des fossés de la ville, ceux de la porte de Moidrey et un grand jardin adjacent, une maison et jardin proches de la porte de Caugé, un herbage avec colombier de plus de 60 livres de rente et le jardin de l’Éperon.

 

Étendue des possessions

En 1719, Jean de Montgommery, marquis du même nom, maréchal de camp, dernier héritier et sans descendance, vend ses biens à Jean Oursin , conseiller secrétaire du Roi, receveur général des finances de Caen. Un acte de la direction générale de l’enregistrement des domaines et forêts nous en fournit le détail :

« En Boucey, au lieu nommé les Couesnons, une petite maison avec grange contenant 8 vergées de terre. Une pommeraie appelée l’Éperon également de 8 vergées avec les fossés autour. En Saint-Georges et Moidrey, une terre nommée les Verdières d’environ 500 vergées. En Curey, la terre de Soulligny consistant en deux fiefs avec droits honorifiques, droits de chasse, colombier, deux bois taillis et une ferme contenant 300 vergées. ». Soit au total un peu plus de 800 vergées, environ 100 hectares.

En ce qui concerne Pontorson, le descriptif est fort précis :

« Un grand et un petit corps de logis, le jardin de la Grotte dans lequel il y a 4 bassins à jet d’eau, une grande écurie, grande cour et un jardin fruitier contenant 3 vergées de terre. Un pré appelé le pré du Colombier, où il y a un colombier au milieu en bon état, contenant environ 6 vergées de terre [en bas de la Rue Couesnon, en face de la supérette]. ».

Vis à vis de la maison, 3 prés dont l’un nommé l’Hormerie, le tout pour environ 18 vergées « […] Lesquelles prairies sont bordées du côté du chemin des vieux murs [l’actuel Boulevard Clémenceau]. Une autre prairie, des saulaies et les douves plantées en pommiers contenant environ 30 vergées et un pressoir et chambres au dessus appelé le Temple (en 1804, ce pressoir « tournant et éteignant » n’a qu’une vieille vis qui ne sert plus). Deux jardins potagers de plus de 120 livres de rente due par les particuliers qui ont des jardins dépendants des démolitions. ». Soit près de 70 vergées, environ 8 hectares, sans compter les lieux dont nous ignorons la superficie. Pontorson intra-muros comptait environ 15 hectares. Nous pouvons donc avancer que cette famille possédait une très grande partie de la ville.

En 1769, Jean Oursin  cède ses propriétés de Pontorson à Monsieur Desperais dont héritera par la suite sa sœur, Madame Dubois Delaunay. Cette dernière revendra ses biens à diverses personnes : l’emplacement du château à Monsieur Hallais, l’Éperon à Monsieur Hérembourg, les douves et la prairie de la Saulais à Monsieur Soudée, la prairie de la Barbais à Monsieur Verdel…

Le 21 Germinal An 12, Gabriel Hédou, pharmacien et François Barot lui achètent l’actuel Hôtel Montgomery , les jardins environnants et le Prêche, soit une propriété de 2 hectares s’étendant à l’ouest de l’actuel Boulevard Patton à la Rue Notre-Dame à l’est, de la Rue Couesnon au sud à l’actuelle Rue Hédou au nord. Peu de temps après, François Barot revendra une grande partie de sa part à Gabriel Hédou.