Le Pont de Pontorson

Le premier pont fut vraisemblablement édifié vers 1030 sous les ordres d’un capitaine nommé Orson. Mandaté par le duc de Normandie Robert le Magnifique , père de Guillaume le Conquérant  (1027-1087), Orson fonda ainsi une ville sur les bords du Couesnon. C’est du nom de ce capitaine et de son oeuvre que vient l’origine du nom « Pontorson ».

Jeté sans doute sur un gué romain, où Duguesclin et Clisson s’embrassèrent, où Richemont et son frère, le Duc de Bretagne, se rencontrèrent, ce pont, témoin de tant de prouesses. S’il avait trois arches au Moyen-Âge, il en a six maintenant. Il était en bois en 1698, selon la Statistique de M. Faucault pour cette époque. Jeté hors de l’axe de la route, il semble, comme d’autres ponts de l’Avranchin, destiné à la battre en flanc. Il est décrit dans le Traité de la construction des ponts, avec ces notes : « Pi. cint. 6 arches de 3.6 à 4.4 d’ouverture. Ancien. Largueur 6.1. Total des ouvertures : 22.9. Surface du débouché : 17 ».

Emplacement du deuxième pont

Le cadastre napoléonien de 1817, permet de situer l’emplacement du deuxième pont de Pontorson avant la construction du nouveau. Cet ancien pont était dans un axe légèrement diagonal et il était fort étroit. La route formait deux décrochés importants, car rappelons-le, l’axe de la route qui lie la Normandie à la Bretagne est le même qu’aujourd’hui. Ces virages créaient jadis, de nombreux embouteillages et accidents.

Historique de la construction du pont actuel (suppression du pont d’origine)

Le Conseil Général, dans sa session de 1839, avait demandé qu’on exhaussât les parapets du pont de Pontorson, et qu’on établisse aux abords de ce pont des gardes-corps destinés à prévenir les accidents. On a établi en deçà et au-delà du pont, sur les deux rives du Couesnon, des banquettes en terre gazonnées, équivalant à des gardes-corps, et l’ont fait macadamiser et abaisser la chaussée sur le pont, ce qui équivaut à l’exhaussement des parapets. Mais, d’après l’état de ce vieux pont, et l’inconvénient de son étroitesse et de sa situation en dehors de la direction de la route, il serait fort à désirer qu’il fût remplacé par un pont neuf, d’une largeur proportionnée à l’importance de la circulation de la route n° 176 sur ce pont, et construit dans la direction de la route.

Dans sa session de 1840, le Conseil Général indique : « Construction d’un pont neuf à Pontorson sur l’axe de la route en remplacement de celui qui existe et qui est trop étroit et menace ruine. ». Il est ajouté : « Le remplacement du pont actuel, situé sur le Couesnon, à la sortie de Pontorson, étant devenu, indispensable, MM. les Ingénieurs rédigent le projet du nouveau pont ; ils ne doivent pas tarder à le présenter et il sera de suite soumis à l’Administration Centrale. ».

En 1843, le Conseil Général exprime encore le vœu que le pont de Pontorson, dont la sinuosité marqué et l’exiguïté des parapets présente, surtout à l’époque de l’enlèvement des tangues, de graves inconvénients, soit rétablit dans l’alignement le cette route et fournisse ainsi un moyen de circulation plus facile.

En 1845, sur la route royale n° 176, on a exhaussé les parapets du pont sur le Couesnon, et l’on a établi un garde-corps en bois à la sortie du pont, afin d’éviter le renouvellement des accidents qui avaient eu lieu à diverses reprises et encore dans le courant de 1844. Cette même année le Conseil Général ajoute : « … dans la liste des travaux neufs à exécuter en 1845 dépendront des crédits qui seront accordés. La construction d’un nouveau pont sur le Couesnon, à Pontorson, sur la route royale n° 176. ».

En 1846, le projet pour la reconstruction du pont a été rédigé en 1844, mais MM. les Ingénieurs ont cru devoir le garder par devers eux afin de le présenter en même temps que le nouveau projet avec tablier en charpente, en ce moment à l’étude, et d’après lequel on arrivera à une dépense beaucoup moins considérable que celle du premier projet. Le Conseil d’arrondissement d’Avranches demande un pont en pierres. La délibération fut communiquée à M. l’Ingénieur-en-chef, en appelant son attention sur les observations qu’elle contient.

En 1849, le rapport de la Commission de M. Lempereur-de-Saint-Pierre indique : « Messieurs, la Commission croit devoir appeler l’attention du Conseil Général sur le pont de Pontorson, jeté sur le Couesnon, route nationale n° 176. Ce pont, placé en dehors de l’axe de la route, s’y relie par une courbe brusque ; sa largeur est de moins de 4 mètres ; deux voitures n’y passent pas de front, et cependant, c’est un des points les plus fréquentés, pendant trois mois de l’année, à l’époque de l’enlèvement des tangues, cet engrais si précieux pour notre agriculture. Il est traversé chaque jour par deux ou trois mille charrettes qui y forment encombrement ; la malle-poste, allant de Paris à Brest, traverse aussi ce pont qui a déjà été le théâtre de nombreux accidents. La Commission, en présence de ces motifs, n’hésite pas à proposer au Conseil-Général, s’associant au Conseil-d’arrondissement d’Avranches, d’émettre avec instance le vœu que l’Administration, par la reconstruction du pont dans l’axe de la route et dans des dimensions convenables, fasse cesser un état de choses qui compromet gravement la sûreté publique. ».

En 1850 : « MM. les Ingénieurs (Loyer et Havin) annoncent la présentation prochaine du projet du pont de Pontorson ; mais il y a peu d’espoir d’obtenir un crédit immédiat. ».

En 1851 : « J’ai eu l’honneur de vous dire qu’un crédit de 40 000 Fr avait été réclamé, en 1850, pour la construction d’un nouveau pont à Pontorson dans l’axe de la route ; cette somme formait la moitié de la dépense, évaluée à 80 000 Fr dans le rapport de M. l’Ingénieur-en-chef tenant lieu d’avant-projet, mais le projet de détail l’a réduite à 75 000 Fr. Ce projet vient de m’être renvoyé, avec des observations et des instructions, par M. le Ministre des travaux publics. ».

En 1853 : « Nous rappellerons encore, Messieurs, à l’Administration supérieur l’urgence de la construction d’un nouveau pont à Pontorson. Ce travail ne peut plus être refusé et nous demanderons que le crédit proposé par M. l’Ingénieur-en-Chef lui soit accordé pour l’entreprendre. ».

En 1855 : « Travail ajourné en principe, en même temps que les autres rectifications des routes impériales. ».

En 1856 : « L’avant-projet sera présenté en même temps que le projet de budget pour l’exercice de 1856. ».

En 1858 : « Le Conseil-d’arrondissement d’Avranches se prononce de nouveau contre la substitution du macadamisage du pavé dans la traverse des villes. L’Etat n’en continue pas moins, dans ces conditions, les travaux de convertissement de la chaussée pavée de la traverse de Pontorson, et il ne parait point disposé à revenir sur la décision par laquelle il a prescrit une pareille mesure pour une partie de la traverse d’Avranches. Rien n’indique l’époque à laquelle la construction d’un nouveau pont à Pontorson pourra être entreprise, le crédit que j’avais demandé, à cet effet, ne nous ayant point été accordé. Je regarde cependant ce travail comme l’un des plus urgents que nécessite les routes impériales du département. ».

En 1859 : « Messieurs, vous apprendrez, avec plaisir, que le projet de construction d’un nouveau pont à Pontorson et de rectification de la route, à ses abords, projet tant de fois recommandé par vous à l’attention de M. le Ministre, a reçu son approbation récemment. Des crédits sont maintenant nécessaires pour commencer les travaux, qui réclament une urgence incontestable, comme vous le savez ; car, on ne saurait trop le répéter, il s’agit ici de parer au danger, sans cesse renouvelé, d’une circulation tortueuse, difficile et surabondante en ce point. Conséquemment, nous vous demandons de formuler spécialement le plus pressant vœu pour que les fonds nécessaires à l’ensemble des ces travaux, qui ne devraient plus êtres à faire, mais bien achevé depuis long-temps, soient accordés, sans retard, par M. le Ministre. ».

En 1861 : « Depuis 15 ans, au moins, Messieurs, vous n’avez cessé de signaler à l’Administration les dangers de la circulation sur le pont de Pontorson et l’urgence de la reconstruction de ce pont. Cette année seulement, vos plaintes ont été entendues, et un premier crédit de 40 000 Fr vient, enfin, de donner un commencement de satisfaction à vos vœux. Le travail est en cours d’exécution ; une seconde allocation de 62 300 Fr est nécessaire à son achèvement. Espérons que cette allocation ne se fera pas attendre, et que cette oeuvre, qui affecte tout à la fois la sûreté générale et les intérêts de la contrée, se poursuivra sans interruption. ».

En 1862 : « Vos longues et périodiques instances, pour la reconstruction du pont de Pontorson, auront été l’objet, dans le présent exercice, d’une sollicitude non moins libérale que l’an dernier, puisque, sur le crédit total de 47 000 Fr accordé à cette ligne, une somme de 36 000 Fr devra revertir spécialement à l’avancement de cet ouvrage d’art retardé, il est vrai, par suite de la résiliation de l’adjudication, qui avait eu lieu le 9 mars 1860, mais actuellement en cours d’exécution, depuis une nouvelle adjudication du 3 mai dernier. ».

En 1970/1972, élargissement du pont via le remplacement des gardes-corps.

Anecdote

En 1813, lors des réparations effectuées à un pont de bois, situé sur le Couesnon, et mettant en communication la Bretagne et la Normandie, par Pontorson, on mit à découvert près des piles de ce pont, un canon et son affût, lesquels avaient été abandonnés par les Vendéens, lorsque levant le siège de Granville, ils avaient fui à travers Pontorson (La Revue du Bas-Poitou et des Provinces de l’Ouest (1907), Volume 20, page 107).