
L'Histoire
La plus ancienne mention authentique que nous connaissions de Pontorson est dans un acte de 1031, dans lequel Havoise, Haduissa, mère d'Alain, duc de Bretagne, donne : « Quoddam molendinum fitum apud Pontem Ursi ». Toutefois, selon Monsieur TANGUY, en 1014, Richard II


















Li ducs fist moult grant joie à Bertran, ce dit-on, Cappitaine le fist adonc de Pontourson.
Aussi la mention de cette place se trouve-t-elle dans toute l'histoire du connétable : c'est sur le pont de Pontorson qu'il jura confraternité d'armes à Olivier de Clisson
Lors Glequin et Cliczon alèrent
Au duc d'Anjou que ils trovèrent
A Pontorson en Normandie
Ou il estoit en compaingnie
Moult très grande de chevaliers
Avec eulx pluaseurs escuiers
Et grand seignour de tout estaits.
C'est à Pontorson que Dom Lobineau a rattaché ce fait d'armes de Duguesclin :
« Jean Felleton, La Grié et G. Issonai conduisant trois cents Anglois au siège de Bécherel et passant devant Pontorson appelèrent Bertrand qui différant pour lors de se battre, manda les garnisons de Dol, de Landel, de Beuvron et du Mont Saint-Michel, monta à cheval avec Leraut, son escuier, Thomas Boutier, gentilhomme de sa compagnie, et autres jusqu’au nombre de cent lances... et ayant atteint les Anglois dans les landes de Combourg, il les défit après un combat assez rude. Felleton y fut pris par Rolland Bodin et mené prisonnier avec les deux autres capitaines. Felleton pensa depuis prendre cette place par la trahison d’une servante, mais il manqua son coup ». Cette affaire, que Dom Lobineau appelle bataille de Pontorson, eut lieu en 1364.
C’est encore à Pontorson qu’eut lieu le fait si souvent cité de la digne sœur du brave Breton, Julienne Duguesclin , abbesse de Saint-Georges de Rennes, et récemment chanté par une femme :
« Julienne demeurait dans le château de Pontorson ; son frère était absent. Deux de ses femmes nouèrent des intelligences avec un capitaine anglais nommé Felleton, et promirent de l’introduire dans le donjon. A la faveur de la nuit, les Anglais s’approchèrent, appliquèrent des échelles, et déjà ils montaient à l’escalade quand Julienne Duguesclin, éveillée par le bruit, courut aux créneaux, et voyant des ennemis donna l’alarme. Les soldats accourent, renversent les échelles, et tuent ou noient un grand nombre des assaillans. Le lendemain les perfides chambrières, cousues dans des sacs, furent jetées dans le Couesnon. Duguesclin rencontra Felleton, dans sa retraite, et le fit prisonnier pour la seconde fois ».
C’est à Pontorson qu’en 1379 se rassembla l’armée avec laquelle Duguesclin commença les hostilités contre la Bretagne.
Le château de Pontorson fut donné en 1370 à ce même Olivier de Clisson à titre d’engagement pour ce que le roi lui devait : « Donatio Castri et Castellaniae Pontis Ursonis facta domino de Clisson constabulario donec pagatus fuerit ».
C’est à propos de ce XIVe siècle que nous citerons les titres relatifs à Pontorson et à la baronnie de ce nom, insérés dans l’Inventaire dressé à cette époque au Mont Saint-Michel :
« Conf. Dni pape Adriani 4. super ecclesiis de Ponte Ursonis - Conf. Roth. archiepiscopi. - Cyrographum de Caugie. - Littera quod qui tenebit terrant molend. de Ponte Ursonis solvet omnes redditus qui antea super ea solvebantur. - Lit. homagii abbatis de Hambeia cum L. donationis de Cantulupi ap. Pontem Ursonis quod possidet in Ponte Ursonis ad nos pertineat. - Lit. pensionis eccl. de Douceyo. - Lit. P. de S. Hyllario de decima de Bouceyo. - Cyrog. Hug. de Caugie. - Donatio P. de S. Hyllario de ecc. de Bouce. - Lit. regis Anglie de ecc. de Ponte Ursonis. - Lit. W. de Brae de molend. de Ponte Ursonis. - Lit. Rad. de Argogiis presb. de manerio de Cruce. - Lit. quod rector ecc. de Bouce excommunicatus fuit don. satisfact. de persona. - Lit. inhibitionis facte pro turbantibus Priorem dicti loci in decimis et suis possessoribus. - Lit. Rad. Guiton militis de Cure. - Lit. W. Le Charpentie de Sace. - Lit. decime de Noiant 1287 in latino et gallico. - C. Hamonis de Bree de toto tenemento quod continet sex ortos sitos in la Gravete et aliis tenementis. Pons Ursonis. 1235. - Totum tenementum quod W. Pei de Vache tenuit. - C. Galterii Meinfrei de duobus ortis in calceia de Ponte Ursonis 1233... apud chauceiam de Ponte Ursonis ».
En 1379, Beaumanoir se prépara à faire des courses en Normandie : son armée alla jusqu'à Pontorson où le roi de France avait rassemblé des troupes pour les faire entrer en Bretagne ; mais le duc d’Anjou proposa une trêve qui fut acceptée.
En 1393, Charles VI sanctionna les privilèges que Henri II
et Charles V
avaient octroyés à Pontorson. Entre les divers articles de son ordonnance on remarque « que les bourgeois n’étaient point obligés d’aller à l’armée, si le roi n’y était en personne, ni d’aller plaider hors de leur domicile, à moins que pour les affaires du prince ; qu’ils étaient exempts de péages et de droits sur les choses nécessaires à l’habit et à la vie ; qu’ils ne payaient par an que douze deniers de cens du terrain qui leur appartenait ; qu’on ne pouvait retenir aucun d’eux en prison, lorsqu’il offrait caution ; qu’en cas de dispute, s’il y avait du sang répandu, on devait 12 deniers pour la plainte et 109 s. d’amende pour celui qui aurait été vaincu dans le duel permis par le juge ; que si la dispute se renouvelait, on paierait 60 liv. ».
En 1400, Charles VI envoya le duc d’Orléans à Pontorson pour y conférer avec les seigneurs de Bretagne. Il les reçut dans cette ville et négocia avec eux, mais inutilement, pour obtenir la personne de Jean de Montfort .
Le XVe siècle, l’époque de l’occupation anglaise, est le plus riche en événements pour la ville de Pontorson, sous les murs de laquelle se heurtent les Français, les Bretons, les Anglais, et où le Mont Saint-Michel amasse les gens de guerre et multiplie les rencontres. Dans le siècle précédent, Duguesclin et Clisson s’étaient rencontrés sur le pont de cette place ; le duc de Richemont et son frère le duc de Bretagne s’y rencontrèrent aussi au commencement du siècle suivant. Richemont, celui qui fut connétable de France et qui expulsa les Anglais de Normandie, avait été fait prisonnier à Azincourt, et était resté en captivité jusqu'en 1420. Sur sa parole il vint à Pontorson qui avait été pris par les Anglais en 1419, voir les seigneurs bretons et resta loyal chevalier : « Alors sur sa foi et en la garde du comte de Suffolc, il vint à Pontorson et arrivèrent beaucoup de gens de Bretaigne pour le veoir et entre les autres y furent monseigneur de Montauban et monseigneur de Combour et plusieurs autres, tant qu’ils estoient plus forts que les Anglois. Et luy fut demandé s’il vouloit qu’on l’emmenast par force, mais il ne voulut, et ne l’eust pour rien faict. Le comte de Suffolc l’avoit mené jouer aux champs et tirer de l’arc. Bientôt après le duc Jehan qui estoit fort désirant de veoir ledict comte de Richemont son frère, le vint veoir jusque sur le pont de Pontorson pour ce que mon dict seigneur de Richemont n’osoit passer en Bretaigne. Et estoit le duc bien accompaigné, et avoit deux cents lances de sa garde, et Dieu sçait s’ils s’entrefirent bonne chère et s’ils pleurèrent tous deux bien fort. Puis s’en retourna le dict seigneur de Richemont devers le roy d’Angleterre, lequel luy fist grand chère, pour ce que bien avoit tenu ce qu’il avoit promis. ».
Pontorson avait été pris par les Anglais dès 1417, et ils y avaient établi pour gouverneur Jean de Gray auquel succéda Jean de Mautravers. En 1419, le roi Henri V nomma G. de La Pôle capitaine de cette place et lui donna : « Officium castri et ville de Pontorson ac turrium super pontem ».
En 1424, Jean de La Haye , baron de Coutances, défit les Anglais dans les grèves du Mont-Saint-Michel
, dans une rencontre que nous avons racontée ailleurs.
Pontorson fut repris sur les Anglais en 1426. Le duc de Bretagne alla avec son frère, le connétable de Richemont , assiéger Saint-James, « après avoir, dit dom Lobineau, pris et razé Pontorson occupé par les Anglois ».
Alors se livrèrent, dans ses environs, deux combats importants, en 1426 et 1427. Le premier est raconté en détail par le secrétaire du connétable de Richemond, et le second par Monstrelet, qui était contemporain, et Hollingsbed, historien anglais, qui vivait deux siècles après l’événement :
« Pourceque les Anglois faisoient de grandes courses en Bretagne, monseigneur le connétable veint emparer Pontorson et fut environ la St-Michel. Et y vinrent des François et des Escossois avec luy et y estoient le connestable d’Escosse et messire Jean Ouschart, qui avoient bonne compagnie de gens d’Escosse et Gaultier de Brusac et plusieurs autres capitaines. Et de Bretagne monseigneur de Loheac, monseigneur de Chasteaubriant, de Beaumanoir, de Montauban, de Rostrenen, de La Belière, Rolant de Montauban, Jehan Tremederne, Jehan Le Veer, de Beaufort, Marzelière, Roland Madeuc et Roland de S. Paul. Et durant ce vinrent les Anglois un peu avant soleil couchant, qui estoient en nombre bien huict cents et saillit-on hors champs et se mist-on en bataille oultre le marais devers le Mont S. Michel et ne sçavoit-on quelle puissance les dicts Anglois avoient. Si feist le connestable d’Escosse descendre tous les gens d’armes et archers à pied, puis vinrent lesdicts Anglois jusques à un traict d’arc et y en eut deux ou trois qui se vinrent faire tuer en nostre bataille et y furent faicts deux ou trois chevaliers. Et quand les Anglois veirent la bataille, ils s’enfuirent en grand desarroy, et en fut prins et tué plusieurs, mais pourceque tout estoit à pied, ne peurent estre si fort chassez comme ils eussent esté qui eust esté à cheval. Après que la place fust un peu bien fortifiée, monseigneur le connestable et le connestable d’Escosse et la plupart des seigneurs et capitaines s’en allèrent, exceptez ceulx que monseigneur le connestable y laissa. C’est à scavoir monseigneur de Rostrenen, capitaine dudit lieu, monseigneur de Beaufort, Jean Ouschart et les gens de Brusac, Jehan de Tremederne, messire Jehan Le Veer, Marzelière et plusieurs autres. Et s’en alla mondit seigneur devers le roy. »
L’année suivante eut lieu, dans les mêmes parages, une affaire plus sérieuse. Voici le récit de Monstrelet :
« Pour obvier, le duc et le connestable, son frère, firent réparer la ville de Pont-Orson qui départ Normandie et Bretagne, et y fut mist grosse garnison pour faire frontière contre lesdits Anglois. Et certain jour ensuivant, le comte de Suffort fut déporté du gouvernement de la Basse-Normandie, et y fut commis et institué le comte de Warwick, lequel assembla moult grand quantité de gens et assiégea ladite ville de Pont-Orson. Et pour ce que durant le siège les Anglois assiégeants avoient vivres à grand danger, tant pour la garnison du Mont S. Michel comme pour autre, fut envoyé le seigneur de Scalles à tout cinq cents combattants, en la Basse-Normandie pour conduire et mener les vivres dessus dits. Et aussi qu’il s’en retournoit atout iceux, les Bretons qui savoient son retour s’étoient mis en embuche bien quinze cents combattants auprès du Mont S. Michel. Et lors, quand ils virent leur point, ils saillirent sur les Anglois lesquels ils trouvèrent en bonne ordonnance. Si se défendirent très-vaillamment et tant que finalement les Bretons furent mis et tournés à déconfiture il y en eut de morts et occis bien huit cents. Entre lesquels y fut mort et occis le seigneur de Château-Giron, le seigneur de Cresquan, le seigneur de Chambourg, le baron de Chambouches, le seigneur de Hunaudaie, messire Pierre le Porc, le capitaine des Escossois et plusieurs autres nobles hommes, et si fut pris le vicomte de Rohen et plusieurs autres grands seigneurs. Après laquelle besongne les assiégés de Pont-Orson, non ayant espérance de secours ny d’aide, se reddirent, sauve leur vie, au comte de Warwick, et s’en allèrent le bâton blanc au poing, en délaissant tous leurs biens : et y fut commis capitaine ledit seigneur de Scalles. Après cette besongne, lesdicts Anglois firent emmener le baron de Soulenges, messire Pierre Le Port et un autre tous morts, à leur siège ; et y livrèrent les corps à ceux de dedans pour mettre en terre, afin qu’ils fussent plus certains de ladite détrousse et déconfiture et qu’ils se rendissent plus hativement comme ils firent. »
Hollinshed a raconté cette affaire avec de plus grandes proportions, et peut-être avec une certaine partialité nationale qui se révèle dans la forme de la narration, mais aussi avec des détails qui annoncent des sources authentiques :
« Le duc de Bedford apprenant que la ville de Pontorson avait été récemment fortifiée, y envoya le comte de Warwick assisté de lord Scales et d’autres vaillans capitaines montant à sept mille assiéger cette ville... Le siège ayant continué longtemps, les provisions devinrent rares dans l’armée anglaise. En conséquence lord Scales accompagné du sir Jean de Harpelaie... du sir Raoul de Tesson, du sir Jean de Carbonel et de trois mille hommes de guerre bien solides quittèrent le siège pour se procurer des vivres, de la poudre, etc. Et comme ils s’en revenaient avec leurs chariots, le long de la mer, près du Mont St-Michel, ils furent subitement rencontrés par leurs ennemis... six mille hommes de guerre. Lord Scales et sa compagnie s’apercevant qu’ils étaient menacés d’un côté par la mer et de l’autre par les ennemis mirent pied à terre, et comme des lions affamés, avec une inexprimable furie, se précipitèrent sur les ennemis. Le combat fut rude et cruel. Les Anglais se tenaient serrés les uns aux autres, en sorte que leurs ennemis ne pouvaient les entamer. A la fin lord Scales s’écria : St Georges, ils battent en retraite ! Sur ces paroles les Anglois s’élancèrent sur leurs chevaux et se mirent à leur poursuite leur tuant ou faisant prisonniers onze cents hommes... Après cette victoire lord Scales avec ses vivres et ses prisonniers retourna au siège de Pontorson où il fut joyeusement reçu par le comte de Warwick. Ceci (en marge) s’est passé le jeudi de la Cène. Pontorson se rendit peu de temps après. »
Après la bataille de Formigny , Pontorson retomba aux mains des Français.
En 1489, le roi de France fit passer en Bretagne, par Pontorson, 5 000 hommes de pied.
Lors des premiers symptômes des troubles religieux du siècle suivant, les catholiques prirent leurs précautions. Matignon écrivait au roi en 1562 : « Dans les troubles du pays, tels qu’ils sont aujourd’hui, il convient de laisser 30 hommes à Pontorson. » En 1570, il demandait encore le même nombre de soldats pour cette place. Mais les événement qui suivirent augmentèrent beaucoup son importance.
Dans la première guerre de religion, quand s’unirent en Basse-Normandie Montgomery, Colombières, Brecey et deux gentilshommes Manceaux, Davaines et Deschamps, des partisans leur arrivèrent de toutes les provinces. Un d’eux fut surpris en chemin par la Villarmois, qui lui fit couper les bras et les jambes. Comme on craignait l’entrée des Bretons en Normandie, Davaines et Deschamps s’acheminèrent vers la Bretagne pour couper les ponts du Couesnon et de la Sélune. Montgomery se rendait dans l'Avranchin et Colombières, s’emparait de Coutances.
Dans ces guerres de religion de la fin du XVIe siècle, Pontorson joua un rôle important. Cette ville, boulevard du Calvinisme de Basse-Normandie, en face de la catholique Bretagne, eut pour gouverneurs les Montgomery, et après la paix fut une des places de sûreté laissées aux Protestants
. Elle fut assiégée en 1580, et ce siège fut signalé par la mort de Louis De La Moricière de Vicques, le chef des catholiques de l’Avranchin
, celui qui avait repris le Mont-Saint-Michel
sur les Calvinistes, l’Hector de l’Homère de Poilley. De Vicques avait déterminé le duc de Mercœur
, chef de la ligue en Bretagne, à venir assiéger Pontorson qui était à Montgomery, le chef des Calvinistes du pays. La ville fut investie par les deux chefs catholiques du côté de la Normandie, le 20 septembre 1580. Montgomery avait sous ses ordres un capitaine nommé La Coudraye qui avait autrefois servi sous De Vicques. Celui-ci ayant un jour demandé aux assiégés si La Coudraye était avec eux, il parut bientôt et De Vicques voulant lui faire voir un renfort qu’il avait reçu de Saint-Malo, lui proposa de venir dîner le lendemain avec lui. La Coudraye répondit qu’il demanderait la permission au gouverneur. Le jour suivant, De Vicques étant retourné à la tranchée fit demander si La Coudraye était sur les murs : il répondit lui-même, et exigea que De Vicques parlât, afin qu’il pût sur sa parole aller dîner avec lui. Le chef catholique sortit alors de la tranchée, et le capitaine protestant sortit de son côté de ce qu’on appelait alors le Corridor de la Contrescarpe, et se précipita sur son adversaire, qui était devenu son hôte. Celui-ci, surpris, mit l’épée à la main, mais il ne fut suivi que de trois de ses gens, et tous les quatre restèrent sur le terrain, après s’être défendus avec un grand courage. L’épée et le chapeau de De Vicques furent portés en triomphe dans la ville par les assiégés. Dès le lendemain, tous les Normands se retirèrent, et le duc de Mercœur fut obligé de lever le siège quelque temps après.
Après la paix, Pontorson fut une des places de sûreté laissées aux Calvinistes , et, plus tard, une des quatre-vingt-dix-sept que Louis XIII
retira de leurs mains. Claude Malingre
a gravé les deux tours de son château parmi les images de ces places fortes, en regard de son texte. Aussi, selon Masseville
, en 1621, le roi ayant appris que Gabriel Montgomery
avait fait fortifier Pontorson, dont il était gouverneur, lui fit proposer de se défaire du gouvernement de cette place en l’en dédommageant. Le comte y consentit, et on y établit Blainville. En 1627, après la prise de La Rochelle, Louis XIII
fit démolir les fortifications. En 1636, Pontorson fut le théâtre des excès des Nu-Pieds
, qui y renversèrent la maison de S. Genys.
Un gentilhomme de Pontorson, un Godefroi de Ponthieu, fut gratifié par Louis XIV des droits honorifiques de l’église paroissiale qui était du domaine royal, droits dont ses successeurs ont joui jusqu'à la Révolution. Il avait sauvé la vie du roi et des princes que leurs chevaux emportaient sur le pont de la Fère. Il s’était élancé et avait coupé les traits à coups d’épée. On a remarqué que, sans lui, la branche aînée des Bourbons aurait été détruite.
Sous ce prince fut établi le camp dit de Pontorson : il était fort de 8 000 hommes que commandait le frère du roi, Philippe de France , et il était destiné à la surveillance des côtes de Bretagne et de Normandie.
Cette ville, dit d’Expilly , « fut réduite en cendres le 15 mai 1736. Le feu y commença à midi et se communiqua à toute la ville en moins de deux heures, de sorte qu’on n’en put sauver que très-peu d’effets. Il n’y resta que quatre ou cinq maisons avec quelques chaumières ». En 1763, le même auteur disait de cette ville : « il y a bailliage, grenier à sel, sergenterie, bureau de cinq grosses fermes ».
En 1793, Pontorson vit passer et repasser l’émigration vendéenne. A son retour du siège infructueux de Granville, elle fut attaquée à l’entrée de cette ville par les républicains qui furent défaits. Nous avons raconté ailleurs cette bataille qui se termina dans les rues de Pontorson. Limite de la Normandie, Pontorson, dans la période révolutionnaire, fut un centre autour duquel se livrèrent beaucoup de combats de partisans et de chouannerie, et un lieu de sûreté où quelques familles des campagnes cherchèrent un asile.
En 1815, lorsqu'on eut à craindre que ces guerres ne recommençassent, c’est à Pontorson que fut arrêté par un homme courageux le général d'Autichamp et plusieurs gardes-du-corps.
Dès-lors Pontorson n’a plus d’histoire. Chef-lieu de canton, avec le titre de ville, elle jouit de tous les éléments de l’administration contemporaine, ne se distinguant des autres localités de même ordre que par son célèbre hospice d’aliénés. Elle n’a guère conservé du passé que ses armes qui sont la peinture de son site avec de nobles attributs : « De gueules, au pont de trois arches d’argent, à la rivière de sable, sommé d’un écusson du même, semé de neuf fleurs de lis d’or et accosté de deux cygnes ».
A Pontorson, près de l’église, est né en 1764 un homme, qui appartient plus à la Bretagne par ses ouvrages et sa vie qu’à la Normandie, l’abbé Manet , qui fut chef d’institution à St-Malo. Ses principaux ouvrages sont : « l’Histoire de la Petite-Bretagne », et un livre érudit couronné par la Société de Géographie : « De l’Ancien État de la Baie du Mont Saint-Michel », dans lequel la topographie bretonne a la plus grande part. L’auteur est le principal partisan de la forêt de Scicy, thèse hasardée à laquelle il a consacré une érudition estimable, mais étrangère aux sources antiques et originales. Il légua 100 fr. de rente aux pauvres de sa ville natale.
Sources :
- Avranchin monumental et historique, Volume 2, par Édouard LE HÉRICHER - 1847. Canton de Pontorson, pages 149 et suivantes ;
- http://le50enlignebis.free.fr/spip.php?article11074